Qu’on ne s’y trompe pas, « Les adieux à la reine » parle moins de la Révolution française que du prétendu saphisme de la reine Marie-Antoinette, exacerbé lorsque la nouvelle de la prise de la Bastille fait planer l’ombre de la mort sur le château de Versailles.

Tout est pourtant fait pour que le film soit un franc succès. Benoît Jacquot, dont j’avoue méconnaître son œuvre mais avoir entendu sa réputation, derrière la caméra. Un scénario basé sur le roman de Chantal Thomas, unanimement reconnu au moins pour sa qualité littéraire par la critique. Un casting trié sur le volet où l’on retrouve, entre autres, Diane Kruger en Marie-Antoinette, Xavier Beauvois en Louis XVI, Virginie Ledoyen en duchesse de Polignac, Noémie Lvovsky en Madame Campan et, bien évidemment, Léa Seydoux en fictive lectrice de la reine, Sidonie Laborde.

Formellement, le film a tout pour plaire. Lumière naturelle, plans au millimètre, caméra à l’épaule pour créer un « effet documentaire » appréciable, décors et costumes somptueux. Versailles paraît même, selon les vœux du réalisateur, comme un personnage à part entière. Il y avait sans doute bien longtemps que le cinéma français n’avait pas réussi pareille reconstitution historique.

Sur le fond, « Les adieux à la reine » peine à convaincre. S’il restitue avec talent le microcosme de la cour royale chahutée, effrayée puis paniquée par les balbutiements de la Révolution française, ceci tourne trop souvent au petit théâtre amoureux centré autour des frivolités de la reine. Le film, suivant le roman, prend le parti d’affirmer les penchants homosexuels de Marie-Antoinette, avec notamment la duchesse de Polignac, largement démentis depuis par la communauté scientifique des historiens. Ces rumeurs émanaient clairement des ennemis de la reine.

Prenant le pari d’échapper à la grande épopée historique sur fond de Révolution française, Benoît Jacquot a voulu resserrer la temporalité de son film à trois jours. Ce choix de l’axe narratif sur un temps très court et sur peu de personnages (la cour royale) aurait pu être très intéressant si la Révolution française n’avait pas été autant éclipsée et si la vie de Versailles n’avait pas été résumée exclusivement à des badinages oiseux.
potaille
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le 2 févr. 2013

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