Le Hobbit ou la poésie épique et onirique de Tolkien adaptée au cinéma

Il est assez aisé de blâmer ce premier opus de la nouvelle trilogie de Peter Jackson tant le conte, car c’en est un, du Hobbit débuté au début des années 1930 au revers d’une copie d’examen de littérature anglaise à l’université d’Oxford et destiné d’abord au jeune Christopher est devenu un gigantesque empire industriel et commercial.

Peter Jackson ne peut donc échapper aux critiques d’autant plus quand il devient le fervent défenseur de la 3D et le précurseur de la « High Frame Rate » où les 48 images par seconde viennent remplacer les 24 images par seconde habituelles au cinéma depuis les années 1920, des technologies vouées, me semble-t-il, à l’échec et qui témoignent d’une orientation du cinéma contemporain que je n’apprécie guère.

Si le film échappe à la note maximale tant honorifique, c’est bien pour ce choix du HFR qui déroute le spectateur dès les premières secondes avec cette désagréable impression d’accéléré et qui ne se dissipera que très progressivement au fil des trois heures du film. Certes, on gagne en netteté, en fluidité et en contraste mais la technologie reste largement perfectible (où peut-être est-ce notre système oculaire qui reste incapable de déchiffrer 48 images à la seconde ?).

Sur le fond, « Le Hobbit » est sans conteste le blockbuster de l’année. Épique, onirique, conviant tout le bestiaire de Tolkien (nains, hobbits, elfes, magiciens (en réalité des Istari pour les spécialistes), wargs, gobelins, trolls, dragon, orcs, aigles), le film réussit une prouesse d’adaptation du roman originel. Chaque ligne de Tolkien est adaptée avec un respect incommensurable. Chaque dialogue est directement hérité du travail de l’universitaire et écrivain britannique.

À tel point que même les plus infimes intrigues prennent une toute autre dimension dans le film : Dol Goldur, le Nécromancien, le Conseil blanc, Radagast… Mentionnons au passage et pour contredire les détracteurs de Jackson que celui-ci s’est appuyé sur une centaine de pages de notes du Hobbit pas encore publiées ainsi que sur les appendices du Seigneur des Anneaux. Si le film reste tout à fait compréhensible pour les néophytes, les amoureux de la littérature de Tolkien prendront un malin plaisir à discuter, à travers ce film, avec un autre fanatique tolkiennien en la personne de Peter Jackson.

Pas un temps mort ne vient enrayer la mécanique parfaitement huilée de ce film où, n’en déplaise à certains, Peter Jackson n’a absolument pas perdu ses talents de conteur du Seigneur des Anneaux. Si les nains représentent un groupe homogène d’où émergent seulement Thorin, Balin et éventuellement Dwalin, n’oublions pas que c’est aussi le cas dans le roman.

Martin Freeman campe magnifiquement Bilbo et sa malice, ses peurs, ses doutes et son courage de hobbit. Ian McKellen excelle à nouveau dans le rôle de Gandalf (à croire que ce rôle fut écrit pour lui). Seul Sylvester McCoy alias Radagast le Brun surjoue quelque peu mais son personnage offre aux spectateurs les moments les plus drôles du film. On se souviendra longtemps de ses lapins de traîneau.

Modèle d’adaptation, combinant avec talent moments épiques et temps oniriques, Peter Jackson livre avec ce premier volet une extase visuelle permanente (décors réels de la Nouvelle-Zélande ou prouesses numériques) et un enchantement narratif étourdissant. On sort de la salle, le sourire aux lèvres, heureux d’avoir vécu le même sentiment d’ivresse et de bonheur que l’on avait connu à la lecture du roman. La suite promet encore plus, j’ai hâte d’y être.
potaille
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le 13 déc. 2012

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potaille

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