Les Ailes d'Honnéamise
7.2
Les Ailes d'Honnéamise

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Yamaga (1987)

Fable sur la paix et le rapprochement entre les différents peuples de l'humanité, ainsi qu'un encouragement à l'enchantement à travers la foi et le progrès scientifique, Les Ailes d'Honnéamise illustre bien une "aventure nommée Aérospatiale" ;


Le film se situe dans un pays oriental alternatif où la tradition côtoie la modernité, où l'humanité est traversée par des troubles socio-économiques et a commis les mêmes erreurs que la nôtre (que ce soit à un niveau réaliste ou à un niveau spirituel) - puisque les nations de cette Terre préfèrent se faire la guerre plutôt que s'allier pour réaliser le rêve de la découverte spatiale.


Cette humanité croit également que ses ancêtres ont volé le Feu sacré à son Dieu, et s'en ont servi pour faire la guerre perpétuelle. Il n'y a qu'une femme pour appeler à la rédemption, et qu'un homme pour rêver d'accéder aux étoiles pour en même temps appeler ses congénères à cesser leurs querelles et se racheter auprès d'un éventuel Tout-Puissant.


Pour comparer avec un autre anime japonais, je dirais que Les Ailes d'Honnéamise a un meilleur concept que Jin-Roh, la brigade des loups (une uchronie prétexte à une poignante mais banale histoire d'espionnage et de thriller) :



  • L'univers créé est original et renvoie à notre réalité, à sa Guerre
    Froide et à sa course à l'espace et aux armements.

  • Les persos sont assez attachants en majorité (même le Général à
    l'origine du projet d'envoyer un homme sur orbite : d'abord il semble
    pète-sec et peu soucieux de ses hommes, puis on constate qu'il n'aime
    pas la guerre et rêve de marquer l'Histoire à l'aide de progrès
    technologiques inoffensifs - ce qui est très louable).

  • La progression, bien qu'assez lente (il faut attendre le dernier
    quart du film avant que le représentant d'Honnéamise aille en
    orbite), est moins ennuyeuse que dans Jin-Roh, puisque le film de
    Gainax dénonce la confiscation des rêves de la science et de
    l'enchantement au profit de la realpolitik et de la guerre, tandis
    que Jin-Roh se concentre sur des rivalités entre bureaux de police.


C'est sûr, l'Univers d'Honnéamise est mieux développé sur plusieurs aspects et on comprend vite le lien avec la réalité (d'autant que l'enjeu du film concerne plusieurs pays et non pas un Tokyo alternatif). On est fiers du début à la fin de voir les progrès de notre héros pour assouvir son rêve d'être le premier homme dans l'espace, souhaitant faire évoluer l'Humanité avec lui dans la paix et l'espace infini.


Pour autant, il y a un perso et une scène que j'aimais moins : déjà, je n'aimais pas trop cette femme qui prêchait en faveur de son Dieu devant des bordels. Je comprends qu'on veuille dénoncer le peu de morale que puisse avoir ce genre de lieu, mais le problème est que cette protagoniste condamne l'ensemble de l'Humanité dans son discours (comme si les clients des bordels et des brasseries représentaient l'Humanité à eux tout seuls).


Bref, elle faisait plus Témoin de Jéhovah chiant que prophète appelant à l'enchantement, à la rédemption, à l'humilité et à la moralité. Notre héros correspond plus à ce rôle, tout en constatant que le monde appartient aux Hommes, bien qu'ils aient besoin qu'on les pousse dans ce qu'ils ont de meilleurs.


Ensuite, LA scène qui m'a un peu indigné :


Notre héros a essayé de violer ladite prêcheuse ! Heureusement, il rate son coup et veut à tout prix s'excuser de cette conduite indigne de lui et d'elle. Il se rend bien compte qu'il n'aurait pas dû faire ça, que c'était mal. Mais la prêcheuse lui dit que c'est pas sa faute et que c'est lui qui devrait la pardonner et non l'inverse.


La prêcheuse se reproche de lui avoir souri, donc probablement de l'avoir tenté... Mais c'est n'importe quoi ! Même le héros pensait ce que je viens de dire, disant que c'est à lui de s'excuser pour sa conduite inqualifiable, et donc que la victime du viol raté n'a pas à se sentir coupable.


Certains diront que c'est sa religion qui veut ça, mais je trouve que ça détruit l'attachement qu'on peut avoir pour la prêcheuse (alors qu'elle mérite un peu de compréhension et de sympathie, vu les déboires que la vie lui a réservé). C'est pourquoi je trouve le perso de la petite sœur plus attachante, bien que plus silencieuse.


On ne peut aussi que féliciter le héros, qui arrive à être pote avec ses camarades d'armée, à prendre soin de la prêcheuse et de sa sœur, et enfin à représenter Honnéamise et à réconcilier les Hommes autour de la première navette spatiale.


Avec ce film, on se sent pousser des ailes !

Darevenin
8
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le 28 avr. 2018

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