Parfois quand mon moral n’est pas au beau fixe, que la vie perd de son sens, quand je sombre dans la mélancolie, je regarde Les Ailes de l’enfer et je retrouve la joie et l’insouciance de mes quinze ans, quand je vis le bousin pour la première fois, à sa sortie en salles.
Pourquoi Con Air (titre original dont j'éviterai le jeu de mots surexploité) est-il pour moi un formidable antidépresseur ?
Déjà parce que Nicolas Cage y arbore une des coupes les plus ridicules de sa carrière et que celle-ci reste à ce jour parmi les extensions/perruques les plus drôles du cinéma, avec celles de Christophe Lambert dans Mortal Kombat, de JCVD dans Le Dernier mercenaire, de Woody Harrelson dans Venom et de Bill Murray dans Strike.
Ensuite, il y a John Malkovich qui avait de toute évidence besoin d’argent. Habituellement sous-payé à jouer dans des films intelligents, l’acteur s’était autorisé cette (première) petite incartade dans le cinéma de mauvais genre. Il nous livre une composition de vilain à tête pleine, sorte de super-criminel de carrière, affectionnant les longues tirades ironiques. A ses côtés, Ving Rhames incarne un gros bras sadique, Danny Trejo nous rappelle que les violeurs sont des sous-merdes (pléonasme) et Steve Buscemi s’amuse à jouer les Hannibal du pauvre. Face à eux, Rachel Ticotin regrette les excursions martiennes avec Schwarzy, Mykelti Williamson cherche son insuline et John Cusack traverse le film en sandales.
La musique est assourdissante, les scènes d’action énergiques, sans être illisibles, le style reste très 90’s et le scénario truffé de punchlines et de dialogues savoureux. Avec en prime, la comptine d’enfant la plus énervante du monde, chantée avec entrain par un cannibale en pleine crise existentielle.
Bien sûr, Con Air n’a rien d’un Die Hard réalisé par McTiernan mais ressemble plus à un bon gras nanar jouissif du type Commando ou Fast and Furious, bourré de facilités, de situations abracadabrantesques et d’illogismes. Des militaires surentrainés y sont incapables de se disperser sur un terrain et empruntent tous le même sentier pour tomber dans un traquenard évident. Des gardiens de prison se font pulvériser après avoir ouvert une boite piégée sur laquelle il y avait pourtant marqué « ne pas ouvrir ». Des pilotes de l’armée préfèrent laisser s’écraser un avion détourné et rempli de dangereux bagnards en plein Las Vegas plutôt que de le descendre en vol au dessus du désert. Nicolas Cage dupe les plus redoutables criminels et traverse tout le film à jouer les faux culs pour sauver son pote, une matonne et une peluche. Et tout est bien qui finit bien, alors même que le plus dangereux des psychopathes s’autorise une partie de craps incognito dans un casino.
Mais bon, c’est toujours mieux emballé et moins épileptique que n’importe quel Michael Bay. Qui plus est, Simon West savait filmer l’action mieux que n’importe quel poulain de Bruckheimer (à un Tony Scott et un Gore Verbinsky près).
Et puis, un film qui a le bon goût de se terminer sur le Sweet Home Alabama de Lynyrd Skynyrd est certainement moins un navet lamentable qu’un nanar joyeusement cool et décomplexé.
Le sourire s’étire d’une joue à l’autre, la bonne humeur éclipse la tristitude et la vie semble encore pleine de douces promesses.