Survivre

Comme toujours avec Herzog, on prend une personne réelle ayant vécu des choses que nous, pauvres citadins mortels, ne pourront jamais envisager vivre en 3 vies. Ensuite, on choisit un environnement atypique, de préférence un endroit où l'homme a du mal à y mettre les pieds (la jungle c'est parfait). Puis on prend sa caméra de reportage et on laisse la personne nous raconter son histoire. Enfin, on se permet par moments de sortir de la ligne narrative préétablie et on en profite pour aborder d'autres sujets gravitant autour des thématiques abordées durant cette histoire.

L'aventure qu'à vécu Julianne, une dame ayant passé son enfance dans la jungle, est difficile à croire tant elle semble invraisemblable. Mais pourtant tout est vrai, et on prend un grand plaisir à écouter cette femme nous relater ses péripéties.

Par moments, sans prévenir, la caméra se tourne vers les autochtones et capte un pur moment de tendresse et de simplicité, comme le rire de cette fillette qui semble être intimidé et amusée par ce mystérieux appareil.

Puis parfois on est saisi par toute cette grandeur qui nous écrase, par cette idée que notre vie et celle de nos semblables puisse être prise en un rien de temps. La scène où Julianne déambule entre des couloirs ou sont conservés et classés des animaux et insectes morts est glaçante.

Cette Julianne n'a pas seulement une histoire fascinante, elle est fascinante - ou du moins elle possède une personnalité intéressante. Elle a cette façon de conter ses mésaventures avec le ton le plus neutre et détaché possible, comme si elle avait tout vu, tout vécu et qu'elle peut désormais s'attendre à mourir du jour au lendemain.

La ou le film pêche et dénote avec les autres documentaires d'Herzog, c'est son léger manque d'impact et de réflexion. Rien de bien grave, mais j'aurais adoré voir la reflexion autour de la vie et de la détermination être poussée comme dans certains de ses autres docus. Je n'ai finalement pas été si captivé que ça par le film, peut être parce qu'il n'y a pas tellement de finalité à toute cette histoire.

On n'atteint donc pas le niveau de perfection du tryptique Grizzly Man, Encounters et Into The Abyss (qui sont pour moi les 3 documentaires idéaux), mais il a le mérite d'être porteur d'un beau message d'espoir et de nous faire prendre pas mal de recul sur la fragilité de notre existence.