17 ans plus tard, "les Ailes du Désir" ne paraît plus tout à fait aussi génial. D'abord, on sait que ce film un peu compassé a été le début d'une période très médiocre pour Wenders, dans une description ampoulée et naïve du monde. Ensuite, il y a des moments où la lourdeur déclamatoire l'emporte et cloue au sol les fameux anges du "ciel de Berlin". Pourtant, il reste beaucoup d'enchantement : d'abord, l'interprétation inspirée de Bruno Ganz, toute en radieuse légèreté, sauve le film de l'emphase à laquelle le verbe "poétique" de Peter Handke le condamnait. Ensuite, les réminiscences du passé terrible de la ville ou du présent qui paraissait immuable (images d'archives sur 1945 ou présence nazie, menace omniprésente et banale du mur) ajoute une vérité poignante au délire auteuriste. Enfin, une profonde beauté, tragiquement humaine, souffle régulièrement sur les images sublimes de Robbie Müller. [Critique écrite en 2004]