Je crois bien qu'en me matant Les Ailes du Désir, je pensais d'abord revoir sa suite (Si loin, si proche), attrapée au vol il y a quelques années sur Arte, et que j'avais déjà appréciée...
Je me souvenais de sa pellicule noir et blanc, de ses anges à l'apparence tellement humaine et juchés en haut des immeubles où des monuments berlinois. Je me souvenais du ton assez spécial du film également. Je crois même que l'inattendu Peter Falk refera partie du casting. Par contre, je ne m'attendais pas à ce que l'oeuvre nous concernant ici soit à ce point du genre "film d'auteur". Et pourtant j'ai pris une claque ! C'est comme si la première heure des Ailes du Désir m'avait d'emblée transporté au doux d'une bulle poétique et philosophique, comme si les anges à l'écran se penchaient réellement au-dessus de mes épaules, et que les clins d'oeil chaleureux qu'ils me destinaient, touchaient le plus profond de mon coeur... Sans oublier la musique, très présente elle aussi à l'intérieur de cette bulle ouatée.
Les deux anges que nous suivrons plus particulièrement, l'un brun et l'autre blond, mais tous les deux coiffés d'un catogan (lol), entendent tout, voient tout, et savent tout des berlinois sur les épaules desquels ils aiment aussi à se pencher. Parvenant parfois, d'un simple souffle, à les maintenir en éveil ou à influencer positivement leur pensées, mais guère plus toutefois... Et lorsque l'amour pointera le bout de son nez, la couleur s'invitera enfin dans leurs yeux.
Et là où Wim Wenders fait très fort, c'est que ces réflexions perpétuelles sur le sens de la vie pourraient rapidement lasser, mais que nenni ! J'ai d'ailleurs souvent eu l'impression d'être dans ma propre tête ! Il faut dire également que l'esthétique visuelle qu'il nous propose, jouant notamment sur de nombreux éléments du cirque, relèvent du ravissement rétinien. Et puis, comment ne pas être ému par la sagesse et la bonté du vieil homme ? Comment ne pas tomber amoureux à notre tour de cette sublime trapéziste ? Les Ailes du Désir chantent avec grâce une ode à la vie, à la joie, sans jamais oublier la souffrance. L'important étant d'exister, de ressentir, d'aimer. Enfin y a pas à tortiller quoi : ce film rend heureux.
Et même si la seconde heure m'a un peu moins ému, me ramenant moi aussi les pieds sur terre, cela ne m'a pas empêché pour autant de kiffer les prestations scéniques de Nick Cave, ni de sourire à la folie apparente mais "visionnaire" de Peter Falk, jouant son propre rôle, et choisissant avec méticulosité LE chapeau qui lui va. Quant au final... :)
Un film d'auteur inspiré, comme tombé des cieux.