A priori, Pierre Jolivet était le cinéaste ad hoc pour adapter la bande dessinée d’Inès Léraud et Pierre Van Hove, elle-même tirée de l'enquête menée par la première, sur la scandale des algues vertes en Bretagne. Face au puissant lobby agroalimentaire, aux pouvoirs publics et quasiment contre une région entière, l'histoire est édifiante, témoignant de la ténacité et du courage d'une lanceuse d'alerte qui a consacré toute son énergie à la cause. Rien à redire sur l'aspect documenté du film qui apporte une force didactique impressionnante et sur l'analyse d'une omerta terrible dans ce département des Côtes de la mort, puisque l'on parle ici de victimes de ces algues vertes, bien que la justice n'ait pas encore corroboré ce qui semble avéré. Pour ce qui est de la mise en scène de Jolivet, elle reste cependant au ras du sable, avec des dialogues pas toujours bien joués et des scènes plus intimes assez anecdotiques, voire même maladroites. Le personnage de Inès Léraud, aussi admirable soit-il, aurait sans doute mérité plus de nuances et de profondeur, tant dans l'exercice de son travail que dans sa vie privée. Par ailleurs, les agriculteurs, à une ou deux exceptions près, ne sont pas amenés à s'exprimer, ce à quoi on répondra, avec raison, que le film se place uniquement du point de vue de celle qui enquête et qui dénonce. Il faut reconnaître enfin que Céline Sallette est particulièrement convaincante et crédible dans le rôle du soldat monté au front de la vérité.