Sélectionnés pour entrer dans la prestigieuse Ecole des Amandiers à Nanterre, douze élèves travaillent à la pièce de Tchekhov qui va être montée, Platonov, sous la direction du mythe du monde du théâtre Patrice Chéreau. Ils s'essaient à leur vie de comédiens tout comme à leur vie de jeunes des années 1980. Filmé dans le grain des années 1980, le film s'ancre bien dans cette décennie pour en faire ressortir son flair caractéristique - l'odeur de cigarettes sortirait presque de l'écran tellement on en fume. Un air de scene, sex and drama, que représente le couple phare Stella - Etienne.
Pris dans le microcosme des histoires de coeur et de sexe des douze élèves, le film peine à rendre accessible l'univers très précis de l'Ecole des Amandiers, que la réalisatrice, ancienne élève de l'école, à voulu dépeindre. Peut-être impression fâcheuse du non-initié, on se croirait plus dans les coulisses du Château de la Star Academy, avec son lot de pleurs, de tensions et d'amours passionnées. Certes, il se dégage des ateliers de danse, d'expression de soi, une grande spontanéité. Certes, Louis Garrel, à qui incombe de jouer le mythe Patrice Chéreau, est éclatant par son jeu. Le rendu final du film, par ailleurs, reste distancié pour les spectateurs, qui peinent à rentrer dans le délire de l'Ecole.
Le documentaire "Des Amandiers aux Amandiers" (réalisé par K. S. Perez et S. Milon) est une clé de compréhension du film. Il montre comment Valeria Bruni Tedeschi, la metteur en scène, reste habitée par son passé à l'Ecole des Amandiers, par sa propre histoire d'amour qu'elle a voulu mettre en scène. Il donne la parole aux comédiens, une parole qui confirme la relation jamais sereine, au mieux stimulante, au pire malaisante entre eux et la réalisatrice. Le documentaire donne raison à la conviction que le film est un trip égocentrique permettant à Valeria Bruni Tedeschi de devenir Patrice Chéreau le temps d'un tournage, pour le meilleur et pour le pire.