Dans une chaotique et mélancolique Caracas, Armando Marcano, cinquantenaire aisé et méticuleux technicien dentaire, se délecte d’un passe-temps aussi singulier qu’intrigant : il se rend à un arrêt de bus pour observer les jeunes garçons et, contre rétribution, leur propose de le suivre chez lui. Une fois sur place, commence un rituel érotique uniquement basé sur le déshabillement, lent et travaillé, du jeune invité. Contrairement à ce que l’on attend, ce spectacle n’est suivi par aucun attouchement de la part d’Armando qui se délecte uniquement de la vision de ces corps parfaits et innocents. Cette expérience, désormais ritualisée, prend cependant un autre tour lors de la rencontre avec Elder, un jeune chef de gang urbain âgé de dix-huit ans. La première rencontre sera violente, littéralement, mais sera rapidement suivie par d’autres de plus en plus intenses, proches et fondamentales pour l’existence des deux personnages.
Ce film est l’histoire d’une double absence, physique et symbolique ; une absence qui a conduit la vie de nos deux protagonistes vers le même destin tourmenté. En effet, si Elder est orphelin de père, Armand voudrait voir le sien mort. Des deux côtés, la figure paternelle est donc désirée et refusée, devenant ainsi le spectre des liens qui se propagent petit à petit entre les deux et qui élaborent l’étrange relation qui les unit ; une relation faite de rencontres, de fuites et de retrouvailles qui témoignent de l’attirance réciproque entre Armando et Elder.
Grâce à l’intensité et à la durée de leurs regards, les deux acteurs arrivent à traduire, avec passion et transport, la cruauté et l’ambigüité de la vie de leurs personnages, réussissant également à donner accès à leur intimité et à leur innocence, qui se cache sous l’oppressive chape de l’exclusion, de la ghettoïsation et de la déchéance produites par la réalité urbaine vénézuélienne.
(adaptation et traduction personnelles d’un texte d’Enrico Zimara - http://www.framedivision.com/archives/1311)