Au centre du premier film de Lorenzo Vigas, une relation trouble entre deux solitudes, celle d'un quinquagénaire à la sexualité malsaine et celle d'un adolescent rebelle et voleur. Lion d'Or à Venise, le film ne s'étend pas sur la psychologie de ses personnages dont certains actes resteront inexpliqués. Mais le lien entre eux, de par sa complexité et la qualité de l'interprétation, rend le film affuté comme une lame, souvent silencieux, maîtrisé par une mise en scène d'une grande précision qui privilégie les arrières-plans flous, comme si Caracas n'était qu'une toile de fond. Le titre français est très mauvais laissant croire qu'il s'agit d'une histoire à forte connotation sensuelle alors que c'est tout le contraire, un rapport ambigu entre deux êtres qui semblent incapables d'éprouver de vraies émotions de par leur rapport douloureux à leur père respectif. Sec et d'une violence intérieure difficilement contrôlé, Les amants de Caracas est à la hauteur de son sujet exigeant que l'on doit à la plume de Guillermo Arriaga (le scénariste des premiers films d'Iñárritu).