Superbe mosaïque constituée de moments de pure poésie et d'autres qui semblent sortir d'un documentaire sur les sans-abris, on peut considérer que "les Amants du Pont Neuf", le dernier Carax, reste toutefois un peu en-deçà de la réussite exemplaire de "Mauvais Sang", peut-être par excès d'ambition, mais plus sûrement du fait de manque de contrôle de Carax sur le gigantisme des moyens qui lui étaient confiés pour la première fois. Il faut néanmoins admettre qu'au second visionnage (car un tel film mérite d'être revu très vite pour être assimilé), la forme poétique intense et spectaculaire (le film, inspiré assez clairement de "l'Atalante", lorgne par son ambition visuelle vers les chefs d’œuvre du muet) n'étouffe pas les sentiments : "Les Amants du Pont Neuf" gagne en vérité, largement grâce à la conviction de Juliette Binoche, qui offre ici son rôle le plus brûlant à date. [Critique écrite en 1991]