" Sais-tu ma belle que les amours les plus brillantes ternissent ? "
Phillipe Garrel s'attelle avec fougue et grâce à Mai 68, du côté des étudiants (bobo ?). Un Paris non pas hystérique mais plutôt un Paris des grands appartements. Un Paris où l'on a le temps d'aimer, de se plaindre, de prôner la liberté sous les faveurs de l'opium.
Philippe Garrel filme une épreuve, longue de trois heures, belle et languissante. Mais surtout pudique et touchante. A l'image de l'amour qui naît, n'éclot presque jamais, entre les superbes Louis Garrel et Clotilde Hesme qui dans son premier rôle, brille de mille feux, sans artifices. C'est un amour qui se veut libre mais qui se trouve contraint par la mélancolie, la poésie, le sens du mélodrame.
Une chose est plus que sûre Philippe Garrel filme la durée, que ce soit au travers de plans de manifestations qui tournent à l'émeute, de repas ou de danse effrénée, il filme sans coupes aucunes, sans ménager son spectateur par des dialogues très théâtrales. Son film semble tout droit sortie d'une multitudes d'époques, de toutes les époques à la fois.
Et c'est surtout la beauté que filme Philippe Garrel (non je n'ai pas une prime pour citer le nom du réalisateur). Une beauté qu'il confère à ces deux comédiens, une beauté parfaite, rien à redire. Tous ses thèmes sont là, les longueurs aussi. Mais ici, sans que je sache pourquoi, c'est la fascination qui a dominé, comme une apparition fugace et tenace à la fois. Un film qui ne s'évapora jamais de mes paupières. La force de l'image, la force d'une croyance tout simplement. L'amour, la mort, le combat, l'attente, la lutte, la vie au cœur même d'une petite bourgeoisie parisienne, c'est puissant. L'expérience déjà datée fût difficile mais transcendante.