Seulement deux ans après son premier film et premier succès, Les Tueurs de Robert Siodmak, Burt Lancaster se lance dans la production avec Les Amants traqués. Bien qu'encore méconnu en France, ce film noir vaut le coup d'oeil notamment pour l'interprétation de son duo de stars et son sujet fataliste teinté de mélo.
Adapté du roman du britannique Gerald Butler, sorti en 1940, Les Amants traqués connut quelques soucis lors de son adaptation cinématographique. Tout d'abord, son titre original, Kiss the blood off my Hands (Efface le sang de mes mains par tes baisers), provoqua une certaine controverse avec une presse et une censure puritaine. Ainsi, un journaliste ironisera en demandant si "quelqu'un pourrait-il nettoyer de ses baisers le "gore" de ce titre ?"... Le film sortira finalement sous pas moins de trois titres : les titre original dans les grandes villes (plus tolérantes), The Unafraid dans les petites et Blood on my Hands au Royaume-Uni...
Le tout jeune producteur Burt Lancaster vit son "bizutage" continuer avec le scènario qui fut à maintes reprises critiqué par le PCA (ou Code Hays). En effet, le livre dont est issu le film s'avère bien plus vulgaire et immoral que la version finale réalisée par Norman Foster. Le personnage de Bill, qui à la base n'était qu'une brute épaisse quasi psychopathe, devient un personnage certes violent mais fragilisé par son expérience de la guerre. Une scène avec une prostituée sera tout simplement supprimée, et le personnage de Joan Fontaine ne finira pas défiguré... Malgré les injonctions de la censure qui édulcorent le récit, Les Amants traqués n'en reste pas moins un film noir des plus recommandables.
LE CORPS ET LE FOUET
Joan Fontaine et Burt Lancaster forment un duo magnifique qui s'inscrit dans la tradition des couples maudits de ce genre de cinéma. Ainsi, c'est enfin lorsque les deux tourtereaux s'aimeront d'un amour réciproque et que Bill entamera sa rédemption que le passé, un meurtre "accidentel", refera son apparition pour mieux broyer ces infortunés. Notons d'ailleurs l'interprétation volontiers caricaturale de Robert Newton en tentateur et maître-chanteur. Aussi détestable qu'il le fut sur le tournage, l'acteur anglais et son accent vampirisent le film, alors qu'il s'agit d'un personnage très secondaire du roman. Encore une adaptation du scènario face à la rigueur du Code Hays...
Néanmoins, Lancaster s'offre de nouveau un rôle mémorable notamment lors d'une scène de flagellation exemplaire et traumatisante. L'acteur ne simulera pas la scène, souhaitant retranscrire ses émotions à l'écran...et ça fonctionne ! Notons que ce fouettage en règle était une pratique rééllement exercée par la justice britannique jusqu'en 1948.
Enfin, le mésestimé Norman Foster, qui travailla entre autres avec Orson Welles, assure parfaitement la réalisation. La reconstitution de Londres d'après-guerre en studio est remarquable (avec ses ruines et ses tickets de rationnement), la première séquence de fuite impressionnante de fluidité et de tension. On retiendra aussi une scène de zoo où Foster nous fait parfaitement ressentir le malaise de Bill devant ces....
(Retrouvez l'intégralité de la critique consacrée à l'édition Blu Ray-dvd de Rimini Édition ainsi que l'évaluation de la partie technique par ici http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=6571