Dans un pub londonien, un homme aviné a une altercation avec le patron et en le bousculant, il le tue sur le coup. Il va être poursuivi par la police, et n'aura comme seule cachette une fenêtre ouverte où dormait une femme. Celle-ci va être complice, à son insu, de la fuite de cet homme.
Alors que Burt Lancaster démarrait sa carrière de façon magistrale avec Les tueurs, il va rapidement prendre son destin en mains en devenant producteur sur ses propres films, avec la création de la société Norma. Les amants traqués va être sa première production, et c'est une œuvre noire très réussie, filmée sans gras (ça dure moins de 80 minutes), qui parle aussi en filigrane des drame de la guerre. Notamment lors d'une petite scène où le couple se balade dans un zoo, et il ne supporte pas de voir des animaux enfermés en cage, référence à ce qu'il aurait vécu. On comprend que Lancaster joue un personnage plus subtil qu'il n'y parait, avec lourd passé, et un passif, et que la présence d'un maitre chanteur va en quelque sorte raviver les braises du passé.
D'ailleurs, contrairement à ce qui se faisait dans beaucoup de productions hollywoodiennes de l'époque, le film est vraiment tourné à Londres, avec plusieurs acteurs du cru, et il y a même une violence assez inhabituelle, notamment lors d'une scène où Lancaster va être attrapé par la police, pour d'autres faits, et qu'il va être condamné au fouet. On voit la préparation de la sentence, et la douleur à chaque coup qui se lit sur le visage de l'acteur.
Les amants traqués est clairement dans le sillage des films noirs de l'époque, avec une très bonne interprétation, une photo noir et blanc de grande qualité et ô surprise, une fin plus ambiguë qu'il n'y parait, osée même. Ce qui fait que je recommande chaudement le film.