Les Âmes grises par Fritz Langueur
Des âmes grises, version cinéma, nous ne retiendrons qu’une impression générale de lourdeur. Pesanteur recherchée, affinée même dans le jeu des acteurs, de la lumière des cadrages et des plans. Elle tient au sujet, elle relève d’une époque (la guerre 14-18). Ce conflit se pose ici comme dans la peinture classique en fond de toile et ne sert à mettre en évidence, sur un premier plan en clair obscur, qu’une poignée d’individus représentatifs de la société amidonnée d’alors : hypocrites, intéressés et déshumanisés. Du fantomatique Procureur à l’institutrice victime innocente, du commissaire raté et envieux au flic perdu… tous s’égarent et s’abandonnent. Il n’y a plus d’espoir, personne ne sortira indemne. Avec eux, c’est tout un monde qui s’effondre. Yves Angelo signe ici un beau film austère, quoique parfois un peu trop lent. Mais cette gène s'estompe un peu grâce à une interprétation excellente. Marielle nous livre un Procureur désabusé et sarcastique, et Villeret en flic véreux montre une fois de plus l’étendue de son regretté talent.