C'est bien simple : je ne retiendrai personnellement rien de ce nouveau film dans l'univers d'Harry Potter et c'est bien dommage. Il faut dire que j'y suis allé en n'attendant strictement rien du film, étant de plus en plus déçu au fil des bandes-annonce. Parce qu'un film qui devient de plus en plus moche, c'est quand même assez rare pour le noter : plus ça allait et, si la DA semblait sympathique, plus ça semblait encore être une belle bouillie de CGI comme sait le faire le faiseur favori de la Warner.
Et finalement, ce n'est pas aussi moche que ça en avait l'air. Si certaines bêtes suintent les CGI à des kilomètres, il y a quelques réussites dans le lot. Mieux, il y a un peu d'inspiration dans tout ça, les animaux sont tout colorés, parfois mignons, parfois laids et mignons à la fois. Ça marche globalement plutôt bien, malgré la faiblesse des effets spéciaux non finis. Dommageable pour un film à 180 millions de dollars. Mais au moins, terminés les détraqueurs ininspirés, finie aussi la photographie terne et grise des derniers Harry Potter pour se donner un faux air sombre. Ici, on est sur du plus coloré, du plus lumineux, parfois même trop. Il y a cette séquence filmée en haut d'un building avec l’hippogriffe particulièrement moche (en plus du fait que l'hippogriffe soit moins beau que dans Harry Potter 3).
Bon, malheureusement, tout ça ne vient clairement pas sauver une mise en scène en gros manque d'inspiration quand elle n'est pas juste inexistante. Pourtant, on retrouve des plans associés à une mise en scène déjà présents dans Harry Potter 5 (le Ministère), mais c'est toujours assez pauvre et ça manque d'idées. Yates sait aussi y faire avec ses effets visuels lors de flashbacks. C'est moins moche que la Pensine d'Harry Potter, mais ça reste moche. Finalement, les séquences les plus réussies concernent toujours les animaux fantastiques. Le passage dans la valise, sans mettre des étoiles dans les yeux, est assez efficace et Yates ne tombe pas dans les travers du sur-découpage qui affuble les blockbusters d'aujourd'hui. A défaut d'être bien, c'est au moins lisible.
Si j'arrive à sauver quelques éléments visuels du film, ce n'est en tout cas pas l'écriture qui retiendra l'attention. Entre les scènes aussi niaises et ringardes que Yates peut le faire, la prévisibilité du récit (surtout quand on s'est fait révéler le plus gros caméo du film) et les jeux d'acteur plus que discutables, tout ça ne vole pas bien haut. C'est simple, les scènes intimistes incarnent la niaiserie. Alors avec Redmayne pour jouer du Redmayne, ça en devient assez vite irritant. Et Ezra Miller est loin d'être là pour rattraper le coup, jouant une sorte de Kylo Ren bis, version encore plus pré-pubère (comme si c'était possible) et inutile au possible si ce n'est d'amener le twist final. Les acteurs sont des caricatures, les méchants ne sont pas impressionnants et les gentils sont tous niais. C'est beau.
Après cinq films (comment est-ce possible ?), on a aussi bien compris que Yates n'en avait un peu rien à foutre des règles établies par JK Rowling dans son univers, mais soit, c'est une adaptation, j'ai envie de dire pourquoi pas (même si encore une fois, ça crée de grosses incohérences) et le débat a été tellement de fois abordé que je passerai dessus. Fantastic Beasts, dont le nom est balancé à la fin aussi simplement que ça, ne propose rien de bien mémorable. N'aidait pas la horde de fans applaudissant au début (pourquoi pas) et à la fin (c'est déjà plus dérangeant), et outre les quelques visuels inspirés, Yates fait du Yates. Il y a pire, mais on n'en retiendra rien et je n'ai pas particulièrement envie de voir la suite (pardon, les quatre suites...). Et in fine, quand le film se termine, on l'oublie.