Quand on regarde le traitement fait de la trilogie du Hobbit pour profiter du succès du Seigneur des Anneaux, et que les dernières BA de ce spin-off d'Harry Potter - tiré d'une encyclopédie fictive mentionné dans la saga littéraire - ne faisaient rien pour le démarquer du blockbuster fantastique hollywoodien habituel, on était en droit de s'inquiéter du produit final prévu pour être le premier volet d'une pentalogie. Eh bien, ces aprioris furent vite évincés.
Les Animaux Fantastiques n'est pas un simple spin-off opportuniste sans fond derrière. Pour cela, il faut certainement remercier J.K. Rowling qui a elle-même pris les reines du scénario. Elle nous offre alors toute une nouvelle mythologie, sans pour autant la rendre étrangère. L'imagination dont elle fait encore preuve est simplement hallucinante. Ainsi, on retrouve des éléments familiers au monde d'Harry Potter, à l'instar de clins d’œil à l'attention des connaisseurs des films et des livres, mais également des références plus poussées et cela, sans jamais faire dans le fan-service ; c'est amené avec beaucoup de subtilité.
Pour les lecteurs d'Harry Potter de la première heure, la curiosité attisée à la découverte d'autres écoles de magie, dans Harry Potter et la Coupe de Feu, est alors en partie assouvie. En effet, ce long-métrage nous entraîne cette fois en Amérique et présente des variations d'un univers que l'on pensait déjà totalement connaître après huit films. Certes, le charme British originel auquel était associé le monde magique du jeune sorcier disparaît, cependant Rowling parvient à rendre cette Amérique des années 20 magique. Et ce cadre passé est tout bonnement merveilleux, en plus d'ajouter un charme désuet unique que la majorité des films fantastiques modernes n'ont pas, et concorde naturellement avec l'univers des Sorciers. Et pour les nostalgiques du charme anglais, les quelques parties comiques y renvoient souvent avec un humour typique des films Harry Potter.
Visuellement, on évite la débauche de SFX redondants des films du genre pour des pièces visuelles jamais vues, débordantes d'imagination. Contrairement aux longs-métrages avec des créatures fantastiques en sujet central pendant 120 minutes, Les Animaux Fantastiques utilise son bestiaire pour pimenter et écrire son histoire avant tout. En effet, plusieurs scènes d'action sont dues à ces bêtes magiques, mais elles ne sont pas réalisées dans l'optique d'un combat entre espèces ; il s'agit plutôt d'une cohabitation, d'une découverte de cette autre monde qui amène son lot de péripéties. D'ailleurs, dans la version 2D, on remarque assez facilement les plans augmentés pour la 3D à cause de quelques flous étranges. David Yates a très bien su se délester de son passif avec les films Harry Potter pour y revenir avec un angle différent, et continuer de nous émerveiller.
Il faut dire que l'histoire est très bien écrite, et le scénario judicieusement rythmé, même s'il contient beaucoup de nouvelles informations. Le fait de se démarquer du format temporel de l'année scolaire offre une toute nouvelle liberté à l'action et l'histoire autour de ce monde magique. Il en va de même pour le cadre qui n'est pas confiné à des lieux spécifiques (Poudlard, Privet Drive, etc...) et évoque ainsi plus que jamais des horizons magiques à perte de vue, étroitement mêlés au monde des "Moldus". Et si les derniers films Harry Potter arboraient une tournure plus sombre et mature, ce premier épisode des Animaux Fantastiques fait clairement adulte, sans toutefois perdre son charme fantastique ; ce qui peut en partie s'expliquer par des protagonistes tous adultes. Mais, même dans les thèmes du film, il y a ce constat social très dur qui rappelle celui des premiers X-Men sur l'opposition des races.
Et, côté acteurs (et personnages), il n'y a absolument aucune fausse note. Eddie Redmayne est touchant en sorcier excentrique et l'acteur se fond encore une fois dans son personnage. Jacob Kowalski, au départ vu comme simple comic-relief sous les traits de Dan Folger, devient également un membre clé de l'aventure et nous gratifie de très jolies scènes. Tina Goldstein, qui semble de prime abord perdue, évolue aussi tout au long du film et Katherine Waterston la joue avec émotion. On a également Colin Farrell, très charismatique dans son rôle de Directeur du département de la Justice magique, et marquant en presque antagoniste. Et Ezra Miller qui joue superbement cet enfant battu par sa mère adoptive qui rêverait de devenir un sorcier. Les interprétations sont excellentes et ne font que nous faire vivre l'histoire du mieux possible, même à travers des personnages qui apparaissent comme secondaires. Petit écueil, toutefois, du fait d'utiliser des "gueules" connues qui peut faire sortir d'un passage fort.
En fin de compte, de tous les films Harry Potter, c'est le film le plus complet, celui dans lequel on ressent le plus l'envergure du monde des Sorciers, même si c'est aussi parce qu'on y a été initié depuis très longtemps. Les Animaux Fantastiques est donc une excellente surprise qui efface les doutes et ouvre la porte de tout un nouvel univers foisonnant et unique dans lequel on a envie de replonger au plus vite à travers les suites qui devraient nous emmener à Paris, et même retourner aux abords de Poudlard.