Fantastic Beasts and Where to Find Them (2016) marque le début d’une nouvelle série de films dans l’univers d’Harry Potter, mais sans aucun lien avec le garçon à la cicatrice. Un changement dans la continuité, avec Rowling au scénario, David Yates —qui a réalisé les quatre derniers Harry Potter—, toujours efficace à la réalisation, James Newton Howard à la musique —efficace également mais sans nouveau thème marquant—. On ne change pas une équipe qui gagne.
L’idée derrière ce spin-off/prequel —spinel ? prequoff ?— est super intelligente : on change à la fois d’époque et de lieu, on part sur une histoire et un contexte complètement différents. De cette manière, on étend l’univers de Rowling sans pâlir de la comparaison avec la série originale. Ainsi, exit le Royaume Uni du tournant du millénaire et bonjour New York presqu’un siècle plus tôt. La ségrégation et les tensions raciales sont remplacées par l’opposition entre Maj et No-Maj, dans un contexte de montée de l’extrémisme un peu en avance sur l’Histoire —on est en 1926, durant la prohibition et les années folles, sans que ça se ressente vraiment à part une scène—.
Parlons un peu de l’histoire, made by Rowling herself. Elle est correcte, sans être transcendantale, et la chasse aux animaux fantastiques devient assez rapidement redondante, sans lien avec l’intrigue autrement plus intéressante combinant No-Maj fanatiques anti sorciers, meurtres mystérieux et un sorcier terroriste du nom de Grindelwald. Mais elle ne prend son essor que dans le dernier acte, un peu tard donc. On remarquera également que Rowling a du mal à s’affranchir de quelques éléments déjà-vus comme l’enfant aux pouvoirs extraordinaires et le sorcier qui désire dominer le monde des moldus. Et le deus ex machina de fin est un peu forcé, même dans un monde de magie.
Les personnages principaux —Newt et Tina— sont assez faibles, même si parfois touchants. On a finalement assez peu d’information à leur sujet, en particulier Tina. De même, leur alchimie est assez faible.
Mais surtout, ils palissent en comparaison de Jacob, interprété par un extraordinaire Dan Fogler, qui vole magnifiquement l’écran. Crédible et hilarant, couard et courageux, idiot et sage, son évolution est super intéressante et son histoire d’amour avec Queenie est à la fois crédible et complètement à rebours des clichés hollywoodiens. Pour un fois, le gros arrive à pécho la jolie blonde, sans ironie ni malice. Rien que le voir à l’écran me donne la patate. De plus son statut de No-maj outsider apporte une dynamique intéressante, jamais explorée.
Je regarderai la suite avec intérêt, sans vraiment savoir où le second volet prévu pour fin 2018 veut aller, et en espérant que Depp offrira autre chose à l’écran que son Jack Sparrow réchauffé.
Bref, Fantastic Beasts and Where to Find Them est un bon film, techniquement irréprochable, qui part sur un concept super intéressant, même si son histoire est parfois à la peine. Il vaut le détour rien que pour la performance stellaire de Dan Fogler.