Pourquoi JK Rowling s'est lancée dans cette sordide affaire de spin-off ? Pour l'argent, parce qu'on lui mettait la pression ? Je me faisais du souci pour la franchise parce qu'on ne pouvait plus toucher à Harry Potter. Il y avait sept livres, les deux livres bonus (Quidditch et Animaux Fantastiques qui ne méritaient pas un film, de simples amusements) et puis récemment L'Enfant Maudit, pièce de théâtre quelque peu dénaturée puisqu'elle n'avait d'Harry Potter que l'assentiment de sa créatrice.
Je ne m'attendais donc pas à grand chose de ce film. Tout au plus un petit sentiment de nostalgie. Je ne m'étais donc pas vraiment préparé à son visionnage. J'y allais comme un simple curieux, un ancien fan déjà très satisfait de ce qu'il avait pu lire et voir durant toutes ses années.
Et puis la surprise fut là. Petit frisson dès le début avec le célèbre thème musical de John Williams qui retentit. Un film inventif, à la fois familier et différent de l'univers du sorcier. Les allusions sont là, par petites touches, discrètes, elles ne sont pas ici pour faire le fan service mais cherchent à proposer quelque chose, à développer un univers fou et bigarré. Je m'attendais à un caméo de Dumbledore. Il est à peine évoqué, au détour d'une phrase. Sans doute son visage apparaitra par la suite - j'espère. Rowling a refusé la facilité et je l'en remercie. Son histoire est simplement un prétexte à rouvrir cet univers de magie. On retrouve ainsi seulement trois personnages évoqués dans le reste de la saga + un dont le nom est familier mais dont on ne sait rien. On a ainsi le héros, Norbert Drageonneau, spécialiste des créatures magiques qui n'est dans la saga d'un simple auteur d'un manuel scolaire même si sa vie aventureuse en fait un sorcier célèbre, Dumbledore qu'on ne présente plus, et Grindenwald, son ennemi de l'époque, un mage noir qui rappelle Voldemort, bien des années avant. Je ne parlerais pas du quatrième dont on ne sait rien si ce n'est le nom, Lestrange, qui n'est pas sans rappeler une famille de sorcier pour le moins peu orthodoxe - pour ceux qui ont lu les livres.
L'originalité du film tient dans sa profusion de créatures originales, et pour le coup, vraiment, une sorte d'oiseau-serpent qui s'adapte à l'espace d'une pièce, si c'est une théière, il tient dans une théière, si c'est une gare, il prend toute la place dans la gare, un aigle géant qui fait la pluie et le beau temps, un orang-otang qui voit dans l'avenir et qui est invisible, une taupe voleuse d'or qui cause bien des ennuis et j'en passe. Le film est l'occasion de rencontrer ce bestiaire sauvage et délirant. Norbert Dragonneau, en voyage à New-York amène tout ce petit monde dans une valise qui se révèle pleine de surprises. Quelques créatures s'échappent et causent quelques soucis à leur propriétaire qui se retrouve dans une histoire plus grande que lui.
Le voilà dans une banque où un pauvre moldu - non mage pour les américains -, est là, pour demander un crédit. Il se retrouve nez à nez avec Dragonneau qui par mégarde lui laisse son étrange valise et le film s'emballe. Le moldu découvre le monde magique et le spectateur aussi. Incrédule il aura cette phrase : "je crois que je ne rêve pas, car je suis incapable de rêver tout ça". Voilà : c'est l'oscillation entre le monde réel et le monde des rêves, entre les ténèbres et la fantaisie. Tout ça se passe dans le New-York des années folles, avec cette ambiance américaine et ces allusions au contexte politique, les guerres pas si lointaines et la menace de ce mage Gridenwald qui veut la guerre entre sorciers et non sorciers pour asseoir la supériorité des premiers sur les seconds. Une créature terrifiante sévit ainsi dans la ville, ravageant les rues de la grande pomme, comme un clin d'oeil à tout ces films catastrophes américains et aussi aux films à la Amityville où la créature n'est en fait qu'un démon qui habite une simple personne. On fera porter le chapeau à Dragonneau. Et je n'en dis pas plus. On découvre aussi le monde de la magie, à la sauce américaine, ses sorciers, ses querelles, et j'en passe.
Et puis cette apparition finale Johnny Depp en Grindenwald, c'était inattendu et il ne manquait plus sa fantaisie dans l'univers des sorciers. On devine qu'il va revenir par la suite - hâte de voir ça !
Le scénario, pas des plus originales mais bien ficelé, et suffisament subtile - on voit que c'est l'oeuvre de Rowling ouvre beaucoup de pistes qui seront sans doute développer dans les quatre films suivants. Je me demande bien comment car la fin de ce premier volet est finalement assez fermée, comme si le film se suffisait à lui-même.
Rowling parvient à renouveller son univers. Elle redonne envie, par un film qui évite l'écueil du fan service et de la suite de trop : casting, effets spéciaux vraiment incroyables - en Imax, c'est très impressionnant, musique, décor, et petites touches de fantaisies voire grande aventure à travers les lieux emblématiques de New-York comme Central Park où le bestiaire d'Harry Potter croise celui du zoo ; tout est fait pour rêver à nouveau. Sans atteindre la puissance de la saga originelle, cette nouvelle série ne prétend pas être une redite, mais autre chose, dans un même univers et Rowling s'est donnée les moyens d'éviter les écueils : être scénariste et productrice à la fois, sa liberté, elle l'a gardé jusqu'au bout et c'est cela qui a fait pour moi la différence.
La 3D est vraiment pour une fois intéressante et le budget pharaonique se ressent à l'écran, ce qui n'est pas pour déplaire.
Voilà que l'enfant qui se voulait sorcier s'est réveillé en moi !