L’ambition peut s’avérer l’ennemi de la réussite : à trop vouloir en dire, en faire, en poser, on délaisse le charme d’une œuvre.
Alors que le premier volet des Animaux Fantastiques initiait avec un peu de maladresse un nouveau cycle de JK Rowling, directement pour le cinéma, on se rend compte à posteriori qu’il pourrait être revu à la hausse au vu des manquements de cette suite. Le film était drôle, il créait des personnages, et s’attachait à la maladresse d’un protagoniste un peu décalé dans sa passion maladive pour les créatures les plus insolites.
Ce deuxième volet voit les choses en grand, ou du moins en affiche les intentions. Il s’agit de mettre Grindelwald au centre, et de le rattacher à une autre figure mythique de l’univers d’Harry Potter, Dumbledore. JK Rowling creuse sa mythologie et crée des passerelles, cherche à donner du liant à son fan service avec des Lestrange et autre Nagini qui feront sursauter mes enfants sur leur siège, ravis de dégoter les références – et me parler pendant la quasi-totalité du film. Car, il faut bien l’admettre, une mise à jour semble indispensable pour reprendre le train de la saga, et qui n’a pas révisé risque de bien s’embourber dans les différentes trajectoires de personnages, leurs passifs et leurs nouvelles zones d’ombre qu’on se plait à maintenir le plus longtemps possible avant des révélations avant tout fonctionnelles.
On pouvait reprocher au premier volet de n’être qu’un démarrage un peu laborieux, une mise en place d’enjeux plus forts, une sorte de prélude. La suite souffre des mêmes principes, l’idée de voir encore trois volets décourage fortement tant on délaye la sauce. Tout semble réduit au prétexte : des scènes d’action (certaines assez réussies, comme la crise de Croyance dans un toit parisien, d’autres défigurées par une bouillie numérique, notamment l’évasion du prologue) ponctuant des dialogues mystérieux qui ne cessent de différer des révélations vaines, une ville de Paris fonctionnelles sans aucune singularité, et surtout des personnages réduits au fade rang de faire valoir de grandes figures qui rejouent l’éternelle lutte du bien contre le mal, l’honnête et mesuré Dumbledore en proie aux excès tyranniques du Ministère et des velléités dictatoriales d’un sorcier mégalomane, ancien amour de sa vie (le tout résumé prudemment en « nous étions plus que des frères »).
L’univers de JK Rowling est fertile, vivant et profus : on le rencontre au détour de quelques scènes (notamment par les niffleurs, les rares à proposer un peu de fantaisie) et dans certains décors (le ministère, la fête foraine), mais la magie opère rarement : par la redite, par l’étirement jusqu’à la corde de thématiques déjà exploitées, par des tours qui animent l’image en forme de cache-misère, les coutures s’exhibent de partout. Inonder l’écran de flammes bleues et d’un Depp peroxydé ne font que renforcer le constat : le pétard reste mouillé, et le feu d’artifice un déluge de pixels d’une fadeur regrettable.