Rares sont les sequels à être aussi mal parti : passer après un second volet au cahier des charges très largement démesuré n’est pas chose aisée mais si vous ajoutez à cela des complications au niveau de l’écriture du scénario et des controverses peu confortables en amont et durant le tournage, vous risquez d’obtenir un film dans lequel la clarté et la compréhension ne sont pas la priorité, et c’est précisément ce qu’on obtient avec les Secrets de Dumbledore.


D’emblée, l'attention du spectateur est focalisée sur un faon magique inconnu du programme scolaire (pour la forme, appelons le "Bambi") sans que l’on sache pourquoi pour ensuite être portée sur une élection dont les tenants et les aboutissants ne sont pas expliqués avant la dernière demi-heure du film (pour sûr, dans notre contexte d'entre deux tours des présidentielles 2022, la sortie du film tombe à point nommé), laissant peu de place au développement des personnages, y compris Dumbledore et ses fameux secrets (ce qui confirme que le titre de ce troisième volet n'avait que pour unique vocation d'appâter le spectateur dans les salles obscures). Pour élargir la parenthèse, il pourrait être soutenu que les secrets ne soient pas ceux d’Albus mais ceux d’Aberforth, le frère du futur directeur de Poudlard, pour que le choix du titre soit un minimum justifié, compte tenu de la révélation dont ce dernier fait l’objet. Quoi qu'il en soit ledit "twist" est si mal amené et dépourvu d'intérêt qu'il ne constitue même pas le sujet du film. Mais quel est-il alors ? Difficile à dire tant on a l’impression que l'objectif de troubler Grindelwald, le grand manitou qui est capable de voir le futur après avoir trancher la gorge du petit Bambi, s'étend au spectateur qui est complètement laissé sur le bas côté dans l'incompréhension la plus totale : si durant les trente premières minutes, l'espoir peut être permis, ce dernier se réduit très vite à peu de chose jusqu'à disparaître complètement tant les péripéties s'enchaînent sans la moindre cohérence. Nous nous retrouvons donc à lutter avec les mêmes prises de tête que celles rencontrées devant les Crimes de Grindelwald.


Rebelote également concernant l’écriture des personnages : qu'il s'agisse des anciens ou des nouveaux protagonistes, personne n'est épargné. Entre ceux qui reviennent alors qu'ils n'ont aucune raison d'être là ou encore ceux dont l'introduction n'est pas le moins du monde justifiée et ceux dont on ne fait rien, jusqu’à être mis sur la touche, force est de constater que le traitement qui leur est réservé est l'un des plus grands défauts du film. On regrettera principalement ce qu'il advient de Queenie, qui a plus de regards pseudo ambiguës que de répliques, alors que la confrontation avec Tina aurait pu avoir beaucoup de potentiel pour remonter le niveau de la franchise (ou du moins de ce troisième volet). De même pour Credence avec lequel les scénaristes ne savaient manifestement plus quoi faire : paradoxalement, le centre de toutes les attentions dans les Crimes de Grindelwald se retrouve ici totalement effacé alors que l’espoir que son arc soit résolu avec ce film était permis. Pour conclure cette courte liste, il apparaît inutile de s’attarder sur Newt, Jacob ou encore (malheureusement) Theseus dont le développement (et même, plus largement, l’intérêt) est inexistant.


A cette écriture paresseuse et confuse, se doit d’être ajoutée la laideur du film car les Secrets de Dumbledore ne manque pas aussi de s’avérer particulièrement terne et fade sur l’aspect visuel, notamment à l’occasion de séquences miroir tout droit sorties de Doctor Strange, intéressantes sur le papier mais incompréhensibles dans leur exécution. C’est donc avec un pincement au cœur douloureux que l’on se remémore l'affrontement spectaculaire de Dumbledore et Voldemort au Ministère de la Magie dans l’Ordre du Phénix ou des duels de sorciers des Reliques de la Mort, volets de la saga Harry Potter pour lesquels David Yates était pourtant aux manettes... Les scènes à Poudlard font, par ailleurs, toc et ne suscitent pas le moindre émerveillement. Il en résulte que la magie peine à faire effet malgré l’implication d’un casting qui, contre toutes attentes, ne semble pas être aussi perdu que le spectateur. Eddie Redmayne, Dan Fogler et Callum Turner, pour ne citer qu’eux, s’en tiennent à ce qu’ils nous servent depuis leur introduction dans la saga, ne pouvant faire véritablement autrement tant le scénario ne leur donne pas d’occasion de proposer quelque chose de novateur. Cela concerne tout aussi bien Jude Law sur lequel la promotion avait pourtant misé pour, encore une fois, nous leurrer, pauvres moldus que nous sommes, soulignant le fait que le sorcier qui troquera, dans un futur incertain, ses costumes trois pièces contre des chemises de nuit n’a pas fait l’objet d’un traitement faveur particulier en termes d’écriture. Mads Mikkelsen, qui fait office de roue de secours, fait ce qu’il peut mais n’a pas été en mesure d’empêcher le désastre. On lui attribuera néanmoins une petite mention spéciale pour la moue plus que bienvenue lors du sacre de Dumbledore (il faut bien reconnaître, au passage, que le système politique des sorciers laisse songeur à plus d’un titre) qui retranscrit on ne peut mieux l’état d’esprit du spectateur qui, à ce stade, ne souhaite qu’une seule chose : voir le générique défiler.


Vous l’aurez compris, la saga des Animaux Fantastiques s’enlise donc d’avantage au point où, malgré le fait que la conclusion de ce troisième volet ne soit pas aussi définitive que ce qui avait été annoncé avant sa sortie en salle, il serait préférable d’en rester là : si le titre de la franchise retrouve ici un tant soit peu de sa pertinence, les Secrets de Dumbledore s’inscrit dans la continuité des Crimes de Grindelwald, de par les maux de têtes qu’il peut susciter, mais échoue à donner l’envie de poursuivre l’extension de l’univers du sorcier à lunettes ! 2/10 !

vic-cobb

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10

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