Lézard daigne - Les premiers pas captivant d'un réalisateur

Au départ et au vu de la bande annonce , je m'attendais à une banale histoire de triangle amoureux. C'était sans compter sur l'ambition de ce premier film réalisé et raconté avec brio par un certain Robin Pront qui nous fera ressentir son amour pour le cinéma à travers trois protagonistes.

Dans Les Ardennes , nous suivons Kenneth et Dave , deux frères , et Sylvie la petite amie de Kenneth jusqu'à un cambriolage raté qui mènera ce dernier en prison pour 4 ans. A la sortie , tout a changé autour de lui. Dave , son petit frère , s'est rangé et a été pris d'amour par Sylvie d'où naîtra une romance entre eux deux sans prévenir Kenneth , au caractère violent et imprévisible.
Tout part de là , une peur va progressivement s'installer entre les deux amoureux afin d'annoncer au frère leur histoire , interprété par une grande justesse par les trois acteurs principaux notamment par Kevin Janssens pour sa très forte intensité et sa gueule (tu sens que c'est le genre de mec à pas chercher)

Ces interprétations sont en lien direct avec la réalisation où la caméra saura parfaitement nous faire ressentir la crainte et la colère des personnages à travers une esthétique particulière digne d'un Nicolas Winding Refn. Rien d'insultant ou de méprisant à reprendre une esthétique pareil puisque , d'une part Robin Pront réalise avec Les Ardennes son premier film et qu'il faut bien naitre de quelque chose , et d'une autre part car le réalisateur belge le retranscrit d'une manière exemplaire. Cela donne lieu à un film à l'esthétique soigné , léché où les plans s'enchaînent d'une magnifique façon. L'ambiance devient alors pesante et étroite où on ne cessera d'être proche des personnages afin de mieux les comprendre et cerner leur psychologie.

Les Ardennes est un film qui reste en tête par sa réalisation qui se mêle habilement à son scénario dont la première partie peut sembler redondante et classique. Pourtant , on reste attentif , même curieux de la suite dû à l'écriture du personnage de Kenneth , clé de voûte de l'histoire. La pression est jaugée judicieusement par la réalisateur qui accélérera son oeuvre dans un deuxième partie bien plus tendue. Celle-ci efface tous les doutes de la première partie où l'on reste unanime sur la qualité de l'histoire par un twist bougrement nécessaire à l'intérêt du film et à ce que voulait montrer Robin Pront dans une fin de partie digne d'un bon polar noir. L'esthétique du film ne viendra que renforcer de manière forte cette sensation. On ne s'ennuie pas , on est impliqué.

Avec ce résultat des courses , Robin Pront a toutes les cartes en main et les talents nécessaires pour dès aujourd'hui se faire une place dans le cinéma en signant une oeuvre forte , solide et ambitieuse même s'il devra , dans un avenir proche , créer sa propre emprunte personnelle. Là le problème de cette esthétique , beaucoup de gens peuvent le faire (à condition de bien s'entourer). Il lui faudra désormais se démarquer et apporter sa propre touche.