Les Ardennes est un film aussi mystérieux que sa bande annonce, mais pas pour les mêmes raisons. Ces 1h30 offrent autant de choses extraordinaires que banales, et c’est dans ce rythme irrégulier que le spectateur oscille entre ennui et envie de décerner la Frite d’Or de l’année.
En effet, avec une mise-en-scène IM-PEC-CA-BLE et des cadrages aussi propres et précis qu’un tir de sniper, Les Ardennes est d’une d’une beauté et d’une intelligence visuelle rare. Robin Pront réussit avec brio à traduire le caractère difficile de la situation et la psychologie déséquilibrée des personnages en idiomes cinématographiques, préférant les images et l’action aux dialogues. Jouant sur d’aveuglants contrastes de lumières, le film révèle une ambiance violente et anxiogène dans un univers où la douceur est aussi réelle que la paix dans le monde. Ici tout est dur, tout est cru, tout est brut.
Oui mais. Après avoir été subjugué par la performance de cette mise-en-scène de haut niveau (au point de trouver une consonance harmonieuse à la langue flamande, précisons-le), le spectateur s’essouffle un peu. La force des images ne suffit plus et l’histoire se traîne. Le « boum boum » de la musique techno fatigue tandis que la noirceur de l’environnement ennui et c’est alors que la montée du suspens finit par être le moment le moins bien réussit du film. Malheureusement les images n’ont su faire le travail du scénario et empêchent ainsi Les Ardennes d’être propulsé au rang des films déglinguement géniaux. Chose très regrettable au vu du twist final fantastiquement bien pensé et de la fin en général – trouvant le même comique dans la surenchère de violence que dans les films coréens.
Mais ! Si le film présente quelques inégalités, il y a bien une chose qui ne l’est pas : les acteurs. Le trio Janssens/Perceval/Baetens est tout bonnement parfait ; chacun des comédiens livre une interprétation plus vraie que nature et le conflit qui les uni jouit d’une cohésion aussi harmonieuse qu’une symphonie. Mention spéciale pour Kevin Janssens qui fait de Kenny un personnage aussi détestable que touchant, angoissant de bout en bout, crevant l’écran à chaque moment.
En conclusion, Les Ardennes a des qualités quasi exceptionnelles qui sont malheureusement voilées par un manque de justesse rythmique. Nominé à la Frite d’Or certes, mais grand gagnant hélas non.
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