Transposer Crime et châtiment dans la France du début des années soixante, avec Salvatore Adamo en Raskolnikov de province, il fallait oser! Léo Joannon l'a fait et ce n'est pas une réussite même si son film présente aujourd'hui une valeur quasi-documentaire sur une période où les premiers frémissements de Mai 68 se faisaient déjà bien sentir. Si Bourvil est assez touchant dans la peau d'un juge des enfants vieillissant et compatissant, le chanteur de charme italo-belge peine à rendre crédible son personnage d'étudiant pauvre et révolté marqué par les coups du sort. Reste une curiosité qui témoigne de la diversité et de la richesse de la production française de cette heureuse période, puisqu'en 1967 on avait aussi le choix, à côté de deux ou trois Godard, entre Les demoiselles de Rochefort, Belle de jour, Playtime, Le samouraï ou La collectionneuse, par exemple. On comprend dès lors que le laborieux mélo concocté par Léo Joannon ait disparu dans les poubelles de l'histoire jusqu'à sa récente réédition numérique.