Je sais : vous allez me dire : comment : une étoile pour un film qui a râtissé 2 168 748 spectateurs en France (pour la Belgique, je ne sais...) ce qui a valu ce navet une 14° place au box-office l'année où "Les grandes vacances" de Giraud triomphaient ?
Car c'est bien d'un navet dont il s'agit et d' un triste spectacle, trop moralisateur, auquel j'avais eu la chance d'échapper jusque alors...
Moralisateur : je ne suis pas trop surpris... Léo Joannon (1904- 1969) qui est au commandes du scénario et de la réalisation, accomplit ici son chant du cygne et n'aura pas eu le temps de profiter d'une retraite dorée que ce dernier film aurait pu lui valoir...
De plus, l'homme a été un pétainiste convaincu, propagandiste de Darland, et s'est servi de ses relations à la Continental (seule société de production de films durant l'occuppation nazie) pour s'asseoir dans le fauteuil doré d'administrateur de production au service de la propagande de Vichy...
Côté talent et faisant abstraction de ce côté opportuniste du feu, je ne lui ai trouvé aucuin film mémorable, même avant la guerre, période de perédilection...
Par contre si l'on remet ce film dans le contexte où il a dû germer, c'était la belle époque où la jeunesse envoyaiit à l'hospice pour vieux tous les anciens crooners d'avant-guerre, violons, trompettes, pianos et accordéons les y accompagnant !
Le rock, le twist déferlaient sur la France via l'Angleterre (et ses radios pirates) et la Belgique avec force batteries, guitares électriques, basses à amplis, et les slows concourraient à la renaissance d'idylles bien plus efficacement que Meetic ou autres entremetteurs mercantiles de nos jours...
Faisant fi des règles de bienséance, les jeunes se bécotaient un peu partout et ça aurait pu dégénérer si les jolies teenagers n'avaient craint une grossesse avant mariage : une infâmie à l'époque...
Les productions de disques faisaient naître les idoles yé-yé comme des marques de lessives et parmi elles, de jeunes talents comme le belge Adamo, lesquels disparaissaient souvent aussi vite qu'arrivés en tête des hit-parades ! Recruter un jeune talent prometteur comme lui pour le grand écran était certain d'attirer les foules pour voir un film quel qu'il soit.
Et surtout les jeunes filles en bouton dont beaucou de wallonnes rêvaient de conquérir son coeur (et accessoirement autre chose) le suivant en groupies même au-delà de la frontière belge.
Adamo n'aura jamais aucun avenir au cinéma et ça se comprend du reste en voyant ce film...
Autre héroïne de ce film, la jollie Christine Delaroche ne percera ni dans le vinyl ni au cinéma : elle fera du théâtre et de la TV.
Autre artiste dont la présence à l'affiche suffisait à attirer les foules : Bourvil qui vivait sur la lancée de sa popularité, mais qui aurait tourné n'importte quoi se sachant condamné par la maladie : il est décédé un an après le réalisateur...On devinaiit déjà sa soufrance en le voyant faire la promo de la "Grande Vadrouille" dans le même temps.
Incroyable, dans cette daube, même comme juge investi dans un rôle pourtant sérieux, on le force à faire le clown avec force grimaces du plus mauvais goût !
L'histoire est consternante, avec beaucoup d'invraisemblances, et je vous en ferai grâce.
Quand le film sortit, la longue descente aux enfers de la fréquentation des cinémas continuait, victime du petit écran... La qualité aussi comme en témoigne ce récit qui n'aura pas marqué d'une pierre blanche l'histoire glorieuse du cinéma. Même les inconditionnels de Bourvil et Adamo n'en serront pas satisfaits...
TV5 Monde le 12.01.2022