Cette critique fait partie de la liste "John Carpenter: The Prince of Darkness"
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Memoirs of an Invisible Man est le seul et unique roman de Harry F. Saint et décrit le calvaire d'un quidam devenu invisible à la suite d'un incident -provoqué par un groupe d'étudiants Marxistes- dans le laboratoire de physique MicroMagnetics, dont l'alimentation générale est brusquement coupée.
Nick Holloway ne réussit pas à s'en échapper à temps et subit une transformation moléculaire qui le rend donc invisible...
Le roman eut un certain succès (permettant ainsi à son auteur d'en vivre et d'abandonner une éventuelle carrière) et les droits furent rachetés par la Warner Bros.
Le studio embaucha rapidement Ivan Reitman pour la réalisation et Chevy Chase pour tenir le rôle-titre.
Seulement, une mésentente se fit jour entre Reitman et Chase, quant à l'orientation que le film devait prendre.
Là où Reitman voulait en faire une vraie comédie, Chase souhaitait se sortir de son rôle de comique.
Étant donné que les multiples versions du scénario de William Goldman s'orientait dans le sens du réalisateur, le problème s'accentua de plus belle.
Reitman posa un ultimatum au studio: "c'est Chase ou moi".
Chase fut retenu et Reitman quitta le projet, suivi par Goldman.
Tandis que le script était réécrit de manière à injecter plus d'éléments dramatique, le studio se retrouvait sans réalisateur.
C'est alors que John Carpenter apparait comme par magie.
Big John -en panne de tournage depuis They Live! en 1988- accepte de monter à bord du projet.
Il est conscient qu'il ne pourra pas avoir le final cut du film, étant donné que le film appartient à Warner Bros et Chase (c'est la raison pour laquelle le gimmick "Jonh Carpenter's" ne figure pas au dessus du titre, dans le générique), mais il est trop heureux de se retrouver à nouveau sur un plateau de cinéma.
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D'ailleurs, l'émission spéciale/making of de HBO montre bien que John s'investit dans le tournage (y compris dans les locaux d'ILM -où il ne délègue pas la partie SFX comme cela se fait en règle générale- et l'ambiance parait très détendue.
L'on y entend un Carpenter enthousiaste qui assure que tourner avec Chase était l'un de ses désirs (et où l'on apprend que Big John est un pilote d'hélicoptère confirmé).
Malgré la bonne entente générale de l'équipe et l'envie de changer de registre de Chevy Chase, Memoirs of an Invisible Man a du mal à convaincre.
En premier lieu, la réalisation de Carpenter -même si elle est appliquée- ne reflète aucunement sa patte habituelle.
On peut aller jusqu'à dire qu'elle est fonctionnelle mais anonyme.
Ensuite, le récit brasse plusieurs genre (comédie, S-F, thriller, drame existentiel) mais sans se focaliser sur une en particulier.
Le film semble amener des idées mais sans les exploiter à fond, bien que gardant une certaine ligne directrice (soit la traque de Holloway par le redoutable Jenkins) qui amène un semblant de cohérence.
Quelques scènes font néanmoins mouche:
-la vision surréaliste de l'immeuble partiellement invisible des laboratoires Magnascopic,
-lorsque Chase rêve qu'il est face à Hannah et enlève son peignoir,
-la scène où Nick assiste incognito à une discussion entre Alice, George, Ellen et le crétin British (ces trois derniers médisant sur Holloway),
-le coup de serviette sur la bouche maquillée de Nick au restaurant,
-les séquences impliquant Jenkins (formidable Sam Neil)...
Mais ce n'est pas suffisant pour rendre ce film intéressant...