Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin par asano

Effectuons un bref mais nécessaire retour en arrière : en 1985, Carpenter n’a connût qu’un véritable échec commercial : La Chose. Ses autres films sont au pire rentrés dans leurs frais au mieux sont devenus des cartons en terme de rentabilité Halloween). Tout auréolé du succès critique et public de Starman produit par la Columbia, Carpenter peut se permettre de se consacrer à un projet complètement fou.
En 1983, Carpenter découvre dans un festival Zu, warriors from the magic mountain de Tsui Hark, film qui fît l’effet d’une bombe. Les responsables Hollywoodiens mettront plus de 10 ans avant de véritablement prendre la mesure de l’engouement à venir pour le cinéma asiatique, et l’inventivité et l’ingéniosité de celui-ci. Pour Carpenter, ce cinéma est l’occasion de se permettre toute sorte de folie et d’engendrer un de ses projet les plus fous. Rédigeant le script d’un Western se passant dans le Chinatown des années 1860, Carpenter abandonne progressivement cette idée et replace l’histoire dans un contexte plus contemporain pour pouvoir avoir un budget plus conséquent et se permettre une plus grande liberté. Les studios bien après la sortie du film continueront encore à vendre celui-ci comme un film d’aventure classique dans la lignée d’un Indiana Jones.
L’histoire raconte les mésaventures d’un routier baroudeur (Kurt Russell) entrainé dans les méandres et les secrets de la magie noire Chinoise. L’enlèvement de la fiancée de son meilleur ami le conduira à affronter Lo Pan (James Hong) et ses sbires, un être millénaire et légendaire rongé par une malédiction en plein coeur du Chinatown de San Francisco.

Il faut savoir que le film est à des kilomètres d’un film d’aventure classique. Le personnage principal Jack Burton sensé être le héros Américain n’est qu’un routier incapable, buveur de bières et grande gueule. Les véritables héros du film sont les Chinois et les créatures toutes plus improbables les unes que les autres.
Malmené, ridiculisé dans chaque scène, Jack Burton personnifie exactement la masse des spectateurs perdus devant ce gigantesque foutage de gueule que constitue ce film, témoin d'une époque révolue où tant de films improbables ont vu le jour (Bukaroo Banzaï), bien avant que la normalisation du cinéma de divertissement n’aît été effective. Kurt Russell est formidable dans ce rôle de John Wayne raté et incapable dont les producteurs n’ont même pas saisi tout le comique ni le cynisme. Et cela en allant même jusqu’à faire rajouter une scène d’ouverture montrant un Chinois intérrogé par un officiel du gouvernement après les évènements racontés dans le film...uniquement dans le but d’insister sur le caractère héroïque de Jack Burton!

Près de 20 ans après sa réalisation Big trouble in little China est devenu un véritable film culte. Un film qui connût son succès phénoménal grâce au marché de la vidéo (il fût l’un des films les plus loués aux USA) alors qu’il fit un flop retentissant au Box-office (le film coûta 25 millions de dollars et n’en rapporta que 11). Aujourd’hui, le film est à rangé au côté des plus grandes réussites de son auteur, bien au chaud entre The Thing, L’antre de la folie, Prince des ténèbres et autres Fog... Un film précurseur de l’engouement actuel pour le cinéma asiatique, un véritable plaisir de spectateur, une véritable poilade (je vous conseille d’ailleurs vivement le commentaire audio présent sur le dvd zone 2 comprenant les analyses de Kurt Russell et Carpenter), un film intelligent et précieux......un film culte définitivement.