La Nuit des morts-vivants par asano
S'il est un film qui aura marqué toute une génération de fantasticophiles (et de non-fantasticophiles), c'est bien La Nuit des Morts-Vivants. Premier film d'un réalisateur de spots publicitaires, George A. Romero, le film nous dévoile l'histoire d'une poignée d'individus confrontés au retour à la vie mystérieux de plusieurs centaines de morts.
Barabara et son frère Johnny se rendent dans un cimetière pour déposer une gerbe sur la tombe de leur tante décédée. Mais Johnny est attaqué par un individu qui lui fracasse le crâne sur une pierre tombale. Barbara, terrorisée, s'enfuit et parvient à se réfugier dans une petite maison. Elle est bientôt rejoint par Ben et d'autres personnes, qui s'étaient cachées dans le sous-sol de la maison. Le petit groupe décide de s'organiser tant bien que mal et de se barricader dans la maison, qui commence à être assiégée par une poignée de morts-vivants...
Tourné en l'espace de sept mois dans la ville de Pittsburgh, en Pennsylvanie, avec un budget dérisoire de $114, 000, George Romero a accouché d'un chef-d'oeuvre dont le succès (40 millions de dollars de recettes) et l'impact sur le cinéma fantastique (et même le cinéma en général) sera sans précédent. Qui aurait pût prédire le succès d'un tel film ? La Nuit des Morts-Vivants est le premier film de George Romero, cantonné auparavant dans le monde de la publicité. Un jour, il se trouvait en compagnie de quelques amis du milieudelapub, assis à une table quand l'un d'eux lança : "et si on faisait un film?". Enthousiastes, ils décidèrent de réunir des fonds pour financer leur "petit" film. George Romero et ses collaborateurs possédaient leur propre société de production à Pittsburgh, ils disposaient donc du matériel nécessaire pour tourner un film à petit budget. Influencé par le Touch of Evil d'Orson Welles et le roman de Richard Matheson, I Am Legend, Romero décide d'orienter son film vers le fantastique et l'horreur avec une approche très "documentaire", ne faisant pas l'impasse sur l'instauration d'une ambiance très particulière (transcendée par une bande-son de toute beauté).
Pour les plus jeunes d'entre vous, pour ceux qui ont découvert "l'horreur" au détour d'un Scream ou d'un Urban Legend, il est évident que le film de Romero ne sera pas forcément très facile d'accès. Tourné en noir et blanc (renforçant l'aspect "documentaire" du métrage), La Nuit des Morts-Vivants n'est finalement pas un film à l'horreur très graphique (on est en 1968 et à cent lieues de Braindead). L'horreur est cependant présente au détour d'un cadavre en haut d'un escalier, de quelques zombies se délectant d'os de boeufs (véridique) et de quelques maquillages sommaires. Cela n'empêche pas Romero de suggérer l'insoutenable : une petite fille "innocente" dévore le bras de son père et assassine sa mère avec une truelle. Traumatisant (pour l'époque).
Et les zombies dans tout ça ? Leur mystérieuse résurrection va plonger dans l'horreur tout un pays (Romero suggère à plusieurs reprises que l'invasion est à grande échelle). On pourrait aisément parler de l'émergence d'une nouvelle forme de société : des individus sans âme, incapables d'être raisonnés, errants à la recherche de quoi subsister (besoins vitaux) et se déplacement la plupart du temps en groupes. Cela ne vous rappelle rien? Promenez-vous dans un super-marché et vous comprendrez (ou repassez-vous encore une fois Zombie). Et, comme le dira l'actrice principale à la fin du remake réalisé par Tom Savini en 1990 : "nous sommes eux et ils sont nous"...
Mais c'est surtout au niveau de la trame sociale soulevée par le film que l'horreur prendvraimentplace. Première constatation : le héros est un noir américain (et, pour information, c'est le 4 avril 1968, quelques mois avant le début du tournage, que le pasteurnoir Martin Luther King s'est fait assassiner par un repris de justice blanc, James Earl Ray). Et tout au long du film, il ne cessera d'entrer en conflit avec les hommes blancs présents à ses côtés dans la maison. Il apparaît alors comme la personne la plus sensée, logique et rationnelle de tout le film, le seul à garder la tête sur les épaules lorsque les zombies assiègent la maison.Quant aux "blancs", ils sont paniqués, terrorisés. Ils sont tout simplement comme vous et moi le serions sans doute dans une telle situation. Signalons au passage que dans la suite tardive du film, Zombie, l'un des acteurs principal est également noir. Et que dire du final? Toute l'Amérique se dessine sous nos yeux, avec son culte des armes et de la violence comme solution, rapide et facile, à n'importe quel problème (on pourra observer le même constat dans Zombie). Une solution d'ailleurs pas si radicale que ça...
La Nuit des Morts-Vivants est un chef-d'oeuvre du genre qui aura laissé une empreinte indélébile. Et nombreux sont les réalisateurs qui peuvent reconnaître être redevables à George Romero (Sam Raimi, Lucio Fulci...) pour avoir définit les bases du "zombie-movie".
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