Les quatre points que j'attribue à ce film sont la conséquence de ma passion pour Gary Cooper. Après cette nécessaire franchise , je dois aussi avouer mon goût pour les films en péril. Car oui ce film (innocente victime) a souffert. D'abord maltraité par son producteur Samuel Goldwyn (mieux inspiré dans ses collaborations avec William Wyler : "Les hauts de Hurlevent" et "Les plus belles années de notre vie"), ensuite par la MGM et enfin par son distributeur United Artist.


Le résultat ? Au lieu d'être une fresque épique, on obtient un pauvre film mou du genou et du reste. Il aura fallu que Samuel Goldwyn use 3 réalisateurs (dont John Ford) pour arriver à ce résultat navrant et inégal. Sans réelle direction artistique (certains acteurs - sauf Gary Cooper en toute objectivité - cabotinent sans vergogne), sans ambition narrative claire, cet objet filmique hésite entre la fresque historique, la romance exotique et le film d'aventure. Mais à vouloir tirer l'attelage dans tous les sens, l'intérêt du spectateur, ne trouve aucune aspérité qui puisse servir de prise dans cette lente dégringolade.


Cependant, ce ne sont pas les décors de cartons pâte, cette Chine de studio et ses personnages d'asiatiques incarnés par de parfaits acteurs caucasiens (la norme dans beaucoup de productions de l'époque) qui sont entièrement coupables du formidable échec de ces "Aventures de Marco Polo". A y regarder de plus près, l'inondation a du débuter dans le bureau du producteur, sur la machine à écrire du scénariste pour s'étendre ensuite dans les bottes des 3 réalisateurs, prenant d'assaut l'atelier du costumier, noyant le miroir du maquilleur pour finir d'engloutir le tout dans un bassin de mièvrerie.


Au final l'histoire est insipide, ennuyeuse, émotionnellement plate et si ce n'était pour admirer les gambettes de Gary moulées dans des collants laissant imaginer son anatomie furieusement masculine, je me serais bien endormie d'un sommeil réparateur. Mais, je n'ai pas dormi. J'avais bien trop peur de retrouver la princesse Kukachin (incarnée par Sigrid Gurie) dans mes cauchemars portant l'horrible grimage réalisé par un maquilleur croyant être sur un film d'épouvante.


En observant Gary Cooper faire ce qu'il peut, avec honnêteté et professionnalisme pour donner du crédit à son improbable Marco Polo, j'ai eu envie en le voyant triturer ses "spaghets" de lui crier "Reviens Gary, j'ai les mêmes à la maison !". Ma générosité me perdra.. ou presque.

Presque
4
Écrit par

Créée

le 18 juin 2016

Critique lue 549 fois

4 j'aime

Presque

Écrit par

Critique lue 549 fois

4

D'autres avis sur Les Aventures de Marco Polo

Les Aventures de Marco Polo
AMCHI
6

Un film hollywoodien d'une grande rigourosité historique...

Les Aventures de Marco Polo est un film d'aventures assez leste sur la véracité historique, disons-le clairement même une quiche en histoire sera capable de comprendre que cela n'était pas la...

le 3 août 2021

7 j'aime

15

Les Aventures de Marco Polo
Plume231
2

Les aventures kitschico-invraisemblables de Marco Polo !!!

Les aventures kitschico-invraisemblables de Marco Polo qui réussit à faire la distance Venise-Pékin en moins de deux minutes de film, qui arrive à découvrir les pâtes et la poudre en moins de quatre,...

le 25 janv. 2015

7 j'aime

7

Les Aventures de Marco Polo
Presque
4

Reviens Gary, j'ai les mêmes à la maison !

Les quatre points que j'attribue à ce film sont la conséquence de ma passion pour Gary Cooper. Après cette nécessaire franchise , je dois aussi avouer mon goût pour les films en péril. Car oui ce...

le 18 juin 2016

4 j'aime

Du même critique

1899
Presque
3

Maniéré, ostentatoire et creux

Maniérisme visuel forcé, ambiance épouvante/horreur artificiellement maintenue par des effets de réalisation inutiles et ostentatoires, effets sonores caricaturaux surjouant l'aspect anxiogène que le...

le 19 nov. 2022

49 j'aime

11

Les Bonnes Conditions
Presque
3

Spoiler : A la fin, tout se termine bien.

Ici les "bonnes conditions" côtoient surtout les bonnes intentions. La mièvrerie coule partout sur la pellicule. Le montage est scolaire et sommaire. Le story-bord est souvent embrouillé sautant d'un...

le 29 juil. 2019

26 j'aime

7