Messire de Saint-Avoise part très loin se venger ... Oyé ! Oyé !

Si vous avez au moins trente ans, vous avez grandi avec des héros de films de cape et d'épée bondissant. Que ça soit les différentes incarnations de Zorro (avec une mention particulière pour Guy Williams à la télévision), que ça soit les différents personnages incarnés par Jean Marais ou les versions des Trois Mousquetaires, on se réjouissait de voir ces héros sans peur et sans reproche faire face à l'adversité, toujours brave et gardant le sourire.

S'il y a bien eu quelques productions récentes en costumes, comme la Princesse de Montpensier ou la série anglaise les Tudors, il semble qu'il faille remonter jusqu'au remake de Fanfan la Tulipe sorti en 2003 sous la houlette de Gérard Krawczyk pour tenter de retrouver ce genre de personnage.
Chez nos amis anglo-saxons, il y a quand même eu Pirates des Caraïbes et nous avons droit régulièrement à de nouvelles versions des Trois Mousquetaires.
Mais si le genre s'est tari, c'est aussi parce que ces héros bondissants ne semblent plus être à la mode. Maintenant, le cinéma se doit d'être moderne, sombre, et cherche à offrir des personnages de plus en plus réalistes, et donc de moins en moins héroïques, comme le Robin des Bois de Ridley Scott.

Arrive donc sur nos écrans Philibert et vu la mode actuelle, le film a tout d'un OVNI. Pourtant, il trouve le moyen d'être une grande réussite.
Cette réussite, on la doit d'abord à Jean-François Halin. Le scénariste des deux volets d'OSS117 signe en effet l'histoire de Philibert, avec l'aide de Karine Angeli, qui a écrit pour Jean Dujardin sur Un Gars Une Fille et Brice de Nice et qui collabore également à Groland.
En effet, le seul moyen de faire passer en 2011 un héros de cape et d'épée était de ne pas le prendre au sérieux. Les auteurs trouvent ici le ton juste en allant chercher du coté de l'hommage au second degré plutôt que du coté de la parodie grossière, auquel il ajoute évidemment son humour si particulier.

Pour mettre en image tout cela, Halin a fait appel à son comparse de Groland, Sylvain Fusée, dont c'est le premier long-métrage. Ensemble, ils vont mettre dans Philibert les codes du genre sans jamais basculer dans le clin d'oeil direct. Contrairement à un Scott Pilgrim dont les vannes sont hyper référencées et nécessitent de connaitre le produit d'origine, Philibert ne fait appel qu'à votre culture du genre. A sa manière, il m'a rappelé Capitaine Sky et le Monde de Demain qui -tout en restant plus sérieux- allait chercher dans la culture pop des spectateurs.
Et Philibert contient tous ces codes, sans doute sans exception. Pensez à quelque chose de stylé que l'on voyait dans ce genre de film, comme le héros apparaissant par la fenêtre à la dernière pour sauver sa belle, comme le cheval judicieusement placé sous le balcon ou la bagarre de taverne dans laquelle le héros finit par se suspendre au lustre pour passer au dessus des soldats. Pensez à un en particulier, il sera dans le film.

Ca se sent aussi dans les acteurs et les décors. Si Philibert est bien tourné en décors naturels, dont partiellement en République Tchèque, Sylvain Fusée a utilisé des techniques anciennes : incrustation de faux cavaliers sur des décors mobiles, châteaux de carton-pate, maquettes ridicules et mate-painting clairement visible sont légions. Comme dans ces vieux films où tout était beau, l'ensemble est évidemment plein de petites fleurs et de couleurs vives.
Que ça soit les mauvais décors, les effets spéciaux ratés, les exagérations des comédiens, ou le pitch simplissime, tout est ici volontaire.
Quand à Jérémie Renier, il incarne ici un clone d'Errol Flynn, tout aussi bondissant et souriant que l'original, vêtu de ses fameux collants de couleurs. L'acteur semble s'en donner à coeur joie, tout comme Alexandre Astier qui campe le sombre méchant de service, sorte de Vador du 16e siècle (mais qui malheureusement finit par trop rappeler ce qu'il fait dans Kaamelott).

Tout cela est bien entendu à prendre avec le second degré nécessaire pour que ça ne semble pas ridicule. Mais plus qu'un simple hommage, Halin a aussi écrit une véritable comédie usant de son humour à la OSS117. Tous les éléments « hommage à » sont donc exagérés, poussés à l'extrême, régulièrement mêlé à du comique de répétition et à des dialogues rappelant régulièrement l'agent incarné par Jean Dujardin tant ils semblent sortis de n'importe où.
Qui plus est, comme c'était déjà le cas lorsque Rio ne répondait plus, l'écriture et la mise en scène sont riches de petits détails qui demanderont parfois une seconde vision, comme le fait que les entrejambes des héros varient de volume sous les collants d'une scène à l'autre.

Mais l'humour c'est quelque chose de vraiment subjectif et les Aventures de Philibert ne sont pas forcément évidentes à aborder. Il faut d'abord connaitre le genre pour pouvoir en profiter mais ensuite, l'ensemble -qui m'a fait pleurer de rire, soyons clair- peut être mal compris, pris comme surchargé car le scénario utilise différents types de vannes et il est évident que, encore plus qu'OSS en son temps, Philibert ne pourra pas plaire à tout le monde. A force de trop en faire, on risque de se prendre les pieds dans le tapis.

Mais si vous aimez Zorro, les héros bondissants, les longs combats d'épées et le groin, ce film est fait pour vous.
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le 1 mars 2011

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