Los Angeles, 1938. Le pilote Cliff Secord (Billy Campbell) découvre un réacteur dorsal qui lui permet de voler dans les airs à une vitesse qu’il n’avait jamais soupçonné. Seulement, ce réacteur intéresse autant le FBI que d’autres personnes aux intentions plus douteuses…


Créé en 1982 par l’auteur de comics Dave Stevens, à l’époque même où apparaissait dans les salles obscures le célébrissime Indiana Jones, le personnage de Rocketeer semble imaginé directement pour l’écran. Son potentiel cinématographique est même tel que Dave Stevens n’attendra pas longtemps pour mettre son récit entre les mains des scénaristes Danny Bilson et Paul De Meo, qui se mettent au travail dès 1985. Il faudra toutefois patienter jusqu’à ce que les studios Disney voient le potentiel marketing infini du personnage pour accepter de produire ce que les autres studios hollywoodiens, frileux, refusaient. Bien leur en prit, et si les chiffres du box-office leur donnèrent tort, en tant que cinéphile, on ne peut que s’en réjouir, tant le film de Johnston réactualise un art dont il semblerait qu'on ait égaré la recette depuis.
Car de fait, pour tout amateur de cinéma d’aventures, Les Aventures de Rocketeer fait figure d’incontournable, ne serait-ce que pour son statut de témoin d'une époque où les films de super-héros peinaient à s'imposer alors même qu'ils avaient encore quelque chose à proposer... On y trouve tous les ingrédients du film d’aventures à l’ancienne, maîtrisés de main de maître par un Joe Johnston qui s’en donne visiblement à cœur joie. Il n’est pas le seul, d’ailleurs, si l’on en juge par un casting éminemment sympathique, dominé par une Jennifer Connelly toute en beauté (dans la plus belle robe du monde) et un Timothy Dalton carnassier à souhait, qui s’amusent à s’autoparodier comme des fous, sans oublier le reste des acteurs, tous aussi brillants les uns que les autres, du méconnu Billy Campbell, parfait en jeune premier impulsif, à Alan Arkin, Paul Sorvino et Terry O'Quinn, qui occupent tous trois des seconds rôles mémorables à souhait.
Il faut dire que le cadre de Los Angeles, et donc d’Hollywood, est l’occasion pour Johnston de moquer gentiment le milieu du cinéma hollywoodien pour mieux lui rendre hommage. Et en effet, le film complet constitue un magnifique hommage à ce cinéma dans la lignée duquel il se place, un cinéma au souffle grandiose qui ne nous éblouit que pour mieux nous faire rêver. C’est peu dire qu’à ce niveau-là, on est ici servi. Au rythme des notes lyriques et épiques d’un James Horner plus inspiré que jamais, on ne peut que s’immerger à fond dans ce pastiche délicieusement old school qui mettra du baume au cœur de tout vrai cinéphile, pour goûter à fond ces péripéties dont on sait pertinemment qu’elles vont arriver 10 minutes avant qu’elles arrivent, mais face auxquelles on adore jouer le jeu jusqu’au bout.
Dommage, dès lors, que le scénario s’avère si inconsistant dans sa première heure, n’instaurant ses vrais enjeux qu’une demi-heure avant la fin. Cela n’aurait peut-être pas été si grave si ça n’avait pas entraîné quelques grosses baisses de rythme dans la partie centrale du film, qui menacent chaque instant de briser sa singulière magie, heureusement sans jamais y arriver vraiment. Il faut dire que le montage pertinent d’Arthur Schmidt et Peter Lonsdale allié à la belle photographie d’Hiro Narita y remédient efficacement, tandis que la décoratrice Linda DeScenna et la costumière Marylin Vance s’ingénient à donner au film de Johnston une identité visuelle réfléchie qui s'imprime doucement mais sûrement dans la mémoire.
Certes, si on reste focalisé sur l'inévitable comparaison avec Indiana Jones, on peut s’autoriser une pointe de déception en émettant le regret que Les Aventures de Rocketeer ne soit pas moins timide et plus libre dans ses entournures, mais si l’on cherche simplement à profiter du spectacle qui nous est offert et qu’on laisse libre cours à notre nostalgie d’une époque qu’on n’a pas connue et d'un art cinématographique qui semble aujourd'hui perdu, ces aventures deviennent un véritable bain de jouvence dont il serait un crime de vouloir sortir.

Tonto
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le 2 sept. 2018

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