Les aventures de Spirou & Fantasio faisaient partie des bandes dessinées où je prenais toujours un vif et grand plaisir de les lire. Après de multiples ratages honteux cinématographiques tels que l’affligeant Lucky Luke avec Jean Dujardin, les deux derniers films affreux d’Astérix ou le pitoyable premier long-métrage Les Profs, on aurait pu espérer que le cinéma français aurait tiré des leçons. Malheureusement, c’est apparemment toujours d’actualité. En ayant construit cette production tant attendue comme une sommaire comédie, c’était déjà mal barré pour cette adaptation pour la simple et bonne raison que les bandes dessinées de Spirou et Fantasio ne sont pas réellement des histoires comiques.
Pour la majorité des bandes dessinées, ce sont des grandes aventures musclées, riches en péripéties et exotiques. Une fois de plus, le cinéma français se fout encore de la gueule de son public, ils ne sont peut-être finalement pas mieux que les Ricains qui nous condamnent à nous faire mater des reboots ou des remakes inutiles. Toutefois, je pense que certains réalisateurs américains seraient parvenus à pondre une réalisation plus honnête et plus convaincante que cette insulte pathétique des bandes dessinées, comme Steven Spielberg l'a fait avec sa réalisation Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne.
Son plus grand défi était de nous faire présenter les personnages. Il faut savoir que la première bande dessinée mettait directement en place la première aventure de notre duo pathétique, sans passer par la case d’introduction des personnages. Comme le cinéaste l’a expliqué lors d’une interview, c’était en lisant un article de journal qu’on pouvait connaitre les protagonistes. Mais tout le monde ne connaît pas forcément Spirou et Fantasio, le réalisateur Alexandre Coffre était donc bien obligé de nous décrire ces personnages intrépides et courageux dans son film.
C’est ce qu’il a fait mais il a pris des libertés consternantes, sans montrer le moindre respect à ces personnages. Bien que le jeune et rouquin comédien Thomas Solivéres porte bien l’uniforme rouge de groom et livre une image potable du groom aventurier, j’ai été scandalisé de voir un Spirou représenté comme un vulgaire voleur. Je n’ai jamais pensé que ce dernier volait les gens pour le plaisir lors de mes lectures de bande dessinées, faut vraiment être con pour pondre une telle absurdité.
Et le reste du casting n’est pas mieux, Alex Lutz n’a vraiment pas la tête de l’emploi, il se comporte limite comme un gamin retardé. Christian Clavier semble n’avoir rien à foutre de son personnage, il campe le Comte de Champignac comme cela lui chante. Physiquement, Ramzy Bedia interprète un beau et persuasif Zorglub mais moralement, on est loin du compte pour ce qui est d'obtenir la même élégance et mégalomanie de celui des bandes dessinées. Son interprétation se limite seulement à ses conneries et à ses habitudes de comiques ratés. Charlotte Gabris et Vincent Desagnat ne servent absolument à rien. S’ils étaient là pour nous offrir de l’humour, c’est plutôt l’effet inverse qu’on ressent.
Et le pire choix dans le casting revint à Géraldine Nakache. Sérieux, quelle idée de recruter une actrice d'origine algérienne et plus âgée qu’Alex Lutz pour camper une héroïne européenne et plus jeune que Fantasio. Non seulement cette dernière n’est pas crédible physiquement mais en plus, elle s’exprime toujours avec un air assez hautain et constamment agaçant. Rien que le casting, c’est une énorme déception que j’ai ressentie, cela va même à l'au-delà de la connerie et du manque de respect des personnages.
Mais le casting n’est pas le seul problème sérieux dans ce long-métrage, on note malencontreusement une durée de visionnage minable de 90 minutes alors qu’il avait un tel potentiel à exploiter de cet univers. On ne peut pas dire que les scénaristes se sont défoulés, à croire qu’ils n'avaient rien à foutre du film. Presque tout est bâclé pour détruire un univers riche en divertissement, avec une mise en scène mal menée et bourrée d’incohérences idiotes comme la mise en relation aberrant entre Spirou et de son fidèle écureuil Spip
C’est qui assez dommage pourtant c’est que le réalisateur ne semblait pas souffrir d’un manque de financement à en juger par la beauté des décors, notamment ceux de la base souterraine de Zorglub, et de l’intégration de quelques produits légendaires des bandes dessinées comme le fameux champicoptère. Et contrairement à certains films abusant un peu des effets spéciaux, Spip est un vrai écureuil et ça se voit tout de suite.
Il a fallu que Thomas fasse un petit séjour dans un parc peuplé d’écureuils pour que ces rongeurs s’habituent à lui. Je trouve que c’est une très bonne initiative et que cela apporte un certain réalisme méritoire pour cette production, si seulement le reste du film était de même qualité. Des scènes marrantes comme celle où Spirou et Fantasio se mettent face au mur pour que personne ne les voie ou des répliques débiles comme Ce n’est pas ma faute si vous avez les pieds couleur saumon signent avec confirmation la mort de la comédie française. Enfin ! Je crois que c'était déjà fait depuis longtemps. Même les scènes d’action sont d’un ridicule déplorable, tout s’enchaîne à une vitesse non conforme pour le plaisir de nous divertir. Bref, je n’ai plus rien à dire de ce désastre mitigé et terriblement navrant, à part vous dire que cela a fait mal à mon cœur, très mal j'ai envie dire. 2/10
- Il nous faut un plan !
- Non ! Il nous faut le plan !