Même en mélangeant les lettres, j'ai essayé, Münchausen n'est pas l'anagramme de Don Quichotte.
Il en est un produit dérivé pourtant, j'en suis convaincu. Un alter ego disons plutôt.
C'est l'alter ego cinématographique du vieux fou des landes espagnoles.
Il y a peu d'enjeux héroïques dans le livre de Cervantès, si ce n'est l'exploit de l'amour courtois et de se faire péter la gueule.
Les romans aiment bien s'attarder là où il n'y a pas grand-chose à dire, là où tout n'est que fantasme projection et paranoïa. Le roman dilate le temps et s'introduit dans les brèches.
Don Quichotte est un merveilleux personnage de roman.*
Mais au cinéma il faut quand même de l'action, de la vraie, où il est question de vie ou de mort,
ou, à la limite, d'accords et de désaccords.
Mettez la où vous voulez votre embrouille, mais faites ça bien,
vous vous ferez taper sur les doigts si le MacGuffin ne tient pas la route
(en témoigne la vindicte contre le pourtant excellent Tuches 3
a-MacGuffin
hamac Guffin... mouais).
Pour le baron de Münchausen tout part d'un pari en Turquie, ça peut paraître con,
le risque inconsidéré a tendance à agacer le spectateur rationnel et critique,
mais le baron est las de ce monde, ainsi le MacGuffin du pari prend tout son sens.
La lassitude, disait presque Léo Ferré.
https://www.youtube.com/watch?v=KBt36Bw7_8Q
Comme tout le monde, s'il part en Orient c'est pour trouver le piment,
il aimerait cela dit lui le baron que l'on apprécie aussi le piment figuré
c'est le seul qu'il ramène.
C'est un film d'action donc, le pari a mal tourné, c'est la guerre,
le baron n'est pas nourri de romans de chevalerie, il en est un véritable personnage, capital,
presque engoncé de ses propres fictions
qui voudrait se faire cardinal dans la réalité, au sens des points,
mettre un point final à la guerre, par les rêves,
le méta morfle, oz !
Et le métamorphe ose, il est de nature multiple,
il a la solution bien sûr c'est un film,
c'est le personnage principal du film, et de la pièce de théâtre dans le film,
double raison de lui faire confiance.
Mais seuls les enfants comme d'habitude y croient. Pierres de résurrection.
Même les personnages secondaires ne sont pas convaincus, quelle ironie !
Ne voient-ils pas les caméras ?
Dans la forme, j'ai eu l'impression de regarder un texte à moi qui attendait la relecture,
(sans offense, et toutes proportions gardées)
on sent que le corps et la tête ne sont pas sur la même longueur d'onde,
il y a des choses qui me plaisent, et des effets bien lourds,
et même des choses qui me plaisent qui sont bien lourdes,
parce qu'elles sont lourdes justement,
alors que moi souvent je coupe dans le gras de ma feuille et j'enlève tout ce qui grince,
j'essaye d'être clair et agréable au détriment des foisonnements de mon âme,
Terry Gilliam lui dans ce film fait l'inverse j'ai l'impression,
et véritablement c'est tout à son honneur. Noblesse oblige.
Nous voyageons dans sa grosse tête illuminée. Fragmentée.
Polythéiste. Métamorphoses... sources d'humour et d'enjeux.
Sources de doutes.
On rajeunit.
*Celui qui s'essaierait à l'adapter au cinéma risquerait d'en baver, voir de devoir s'y prendre à plusieurs reprises
**Merci à Vladimir Delmotte pour m'avoir suggéré ce film et Fitzcarraldo
et merci à Villou !
(Vladimir qui semble apprécier les bateaux qui volent...)