Étant fan absolu de Tardi et de sa délicieuse Adèle Blanc-Sec, détestant viscéralement le cinéma de Besson depuis plusieurs années, comment puis-je être impartial devant cette étrange adaptation par l'un des pires cinéastes au monde de l'un des plus purs chefs d’œuvre de la BD contemporaine ? Première erreur : le casting, car la rieuse et délicieuse Louise Bourgoin peine à incarner la froide et mauvaise Adèle, dont elle ne sait que faire et ne saisit que la superficielle aigreur. Seconde erreur : l'abandon (logique chez un "gentil" comme Besson) de la méchanceté haineuse de Tardi envers une société pourrie qu'il vomit et cloue au pilori. Troisième erreur : la construction d'un scénario pour le moins tortueux et incohérent alors que l'imaginaire désespéré de Tardi se suffisait à lui-même. Besson louche vers Indiana Jones, et confond ironie et bouffonnerie : il a tout faux. Pourtant, quelque chose de délicieusement pervers passe encore derrière les effets spéciaux ratés et les mauvaises plaisanteries de Besson : oui, même ainsi outragée, Adèle vit encore ! [Critique écrite en 2010]