Plan sur une montagne en contre-jour. Une silhouette apparait de dos, fleurant bon le charisme et coiffée d'un chapeau désormais célèbre. Le thème musicale d'ouverture de John Williams inquiétant et mystérieux à la fois accompagne la petite équipe d'explorateurs dans une jungle sud-américaine au milieu des années 1930.
En 1981, Steven Spielberg fait entrer dans les cœurs des cinéphiles, un nouveau héros avec une certaine classe de cadrage cinématographique. Un héros du nom d'Indiana Jones. Et c'est à l'occasion d'une reprogrammation dans un cinéma de province pendant des vacances d'été que je pus voir, enfin cinq ans après sa sortie officiel, Les Aventuriers De L'Arche Perdue, les bras émotionnellement secoués de tremblote et le ventre noué par l'excitation et d'un peu de terreur ; dans le dernier cas parce que je savais à quoi m'attendre car c'est surtout l'atmosphère mystique qui plane lors de quelques scènes et l'aspect horrifique qui m'auront le plus marqué jusqu'à présent.
La quête de l'Arche d'Alliance fait passer par un panel d'émotions en mélangeant aventure, action, humour, romance, épouvante et horreur. Cette Arche d'Alliance de l'ancien testament que les Nazis sont proches de trouver dans le désert égyptien, éveille de la crainte émanée des temps bibliques par le biais de certaines séquences et quelques dialogues avec Brody et Sallah narrant l'avertissement au-devant d'une puissance divine qu'il ne faut pas déranger. Et Indiana Jones, missionné par le gouvernement américain, donnant et prenant des coups, va s'échiner, saigner et suer pour que la relique ne parte pas à Berlin où Hitler a pris le pouvoir. De bagarres à la poursuite équestre mémorable suivie de celle en camion, Indy ne sera pas ménagé dans les efforts physiques. Marion Ravenwood, son égérie retrouvée au caractère bien trempé et dont on aime plonger dans ses beaux yeux verts, aura également sa dose d'épreuves, comme celle où elle se retrouve immergée dans un amoncèlement de squelettes répugnants dans le puits des âmes après avoir échappé aux serpents ; cette scène-là avait de quoi traumatiser, surtout si nous étions encore des gosses.
Mais ce ne sera rien à côté de l'acte final avant l'épilogue, quand le rival d'Indiana Jones, l'archéologue René Belloq, accompagné de deux autorités du 3ème Reich et d'une clique de soldats allemands, fera ouvrir l'Arche lors d'une cérémonie profanatrice où des forces surnaturelles surgiront et révéleront leur terrible puissance. Les châtiments seront horribles, à l'image de celui du Major Toht dont l'effet spéciale de son supplice aura fait couler beaucoup d'encre et provoquer des envieux dans le milieu d'Hollywood.
De l'avoir vu tellement de fois, le plaisir et l'effet ne sont plus les mêmes tant ce film semble avoir été nettoyé jusqu'aux os par mes yeux. Mais il reste le meilleur film d'Indy pour moi, ou, si vous voulez, mon préféré, même si une majorité préfère ... La Dernière Croisade qui clôturera à l'époque ce qui était encore une trilogie.