Les Aventuriers de l’arche perdue ou comment Steven Spielberg a su à la fois apporter un nouveau genre sur la scène cinématographique tout en démontrant un savoir-faire en termes de mise en scène en iconisant un personnage qui deviendra culte au fil des années avec Indiana Jones. Dans ce projet, il faut aussi saluer le travail de George Lucas. Véritable artisan qui a révolutionné le cinéma à grand spectacle avec la franchise Star Wars, il sera aussi le créateur de cet autre univers et de son célèbre aventurier. Les deux compères aujourd’hui indissociables sur cette première trilogie ont apporté du sang neuf à un genre peu exploité à savoir l’aventure, la vraie avec pour thème une chasse au trésor. Plus de 40 ans après, Indiana Jones reste l’incarnation de l’aventure au cinéma. Plusieurs films se sont pourtant essayé par la suite mais n’arriveront jamais à atteindre l’aura de ce dernier, on pense entre autres A la poursuite du diamant vert de Robert Zemeckis sorti en 1984 surfant sur le succès de son aîné, la trilogie de La Momie de Stephen Sommers ou encore plus récemment les Benjamin Gates avec Nicolas Cage. Mais aussi sympathiques soient-ils, ces films ne parviendront jamais à égaler la franchise Indiana Jones, devenu donc un mythe avec une signature musicale signée John Williams immédiatement reconnaissable. Ce premier volet est la première pierre d’un édifice qui traversera les années et gardera toute sa spontanéité et sa jeunesse. Et même s’il n’a pas révolutionné le cinéma autant qu’un Star Wars, Indiana Jones est et restera une saga mythique bien lancée par ce premier épisode novateur qui lancera une recette gagnante.
Steven Spielberg nous plonge directement dans le bain avec une introduction inoubliable, entre la présentation du personnage incarné par un charismatique Harrison Ford qui rentre naturellement dans la peau de cet aventurier accompagné de son fouet et de son chapeau qui en feront en partie sa marque de fabrique. La musique géniale de John Williams donne en plus une identité en nous offrant une partition culte du début à la fin alternant action, suspense, humour ou encore émotion. Cette première partie permet aussi de confirmer toute l’inventivité de ses auteurs autour de cet aventurier qui devra faire face aux dangers pour atteindre une relique entre fléchettes empoisonnées, les dalles d’un sol piégé ou encore la fameuse boule dont le héros parviendra à échapper in extremis. Le ton est donné pour assister à une aventure d’envergure. En à peine quelques minutes, le film parvient à nous offrir de superbes moments de bravoure et des plans magnifiques. On retrouve ensuite notre héros à l’université en tant que professeur d’archéologie à l’université dans les années 30, on découvre alors qu’il travaille pour un musée s’éloignant ainsi de la caricature simpliste du chasseur de trésor. Et si dans un premier temps, ce personnage parait infaillible, il n’en possède pas moins des défauts et des faiblesses qui permettent de l’humaniser, en témoigne sa phobie des serpents ou encore sa passion pour l’histoire et les trésors cachés qui prend le pas sur ses relations avec ses proches. On s’attache vite à cet aventurier grâce à Harrison Ford dont la prestation apporte beaucoup à la réussite du film, il était fait pour ce rôle. Il va se lancer dans une aventure qui l’emmènera jusqu’au désert de l’Egypte pour retrouver une relique, l’arche d’alliance, au pouvoir divin avant que l’ennemi nazi ne mette la main dessus pour accomplir leurs sombres desseins. Dans sa quête de cet objet mythique, il retrouvera la fille de son ancien mentor avec laquelle il a vécu une histoire. Ils formeront un couple explosif clairement au cœur de l’histoire, on sent une véritable alchimie entre les deux acteurs. Cette femme incarnée par Karen Allen est loin de jouer les faire-valoir, elle tient la dragée haute à son compère à l’écran. De manière générale, les personnages secondaires sont parfaitement construits et sont loin de faire de la figuration. Au contraire, ils apportent même de la plus-value dans le traitement de notre héros mais aussi dans l’avancée de l’intrigue. Bien sûr l’histoire est assez simpliste et certains personnages sont à la limité du cliché notamment du côté des antagonistes mais c’est tellement bien orchestré qu’on se prend au jeu. Steven Spielberg parvient à apporter du rythme avec un équilibre maitrisé entre action et moments plus calmes parfois intimistes. On est happé et on savoure le spectacle qui regorge de moments épiques à coups de courses poursuites géniales avec un soupçon de fantastique voire d’horreur, un registre dans lequel le second film poussera encore plus loin les limites de la franchise. Mais ce qui fait la grande force de ce premier épisode est sa sincérité pour l’appel à l’aventure, du Népal à la Grèce en passant par l’Egypte, on a envie d’accompagner notre héros dans son aventure. De plus, le film peut s’appuyer sur un cachet particulier avec un teint jaunâtre et un jeu d’ombres qui participent à lui donner une identité visuelle que plusieurs films tenteront de recopier.
Plus de 40 ans après, Les Aventuriers de l’arche perdue n’a quasiment pas pris une ride, c’est en cela qu’on reconnait les grands films. Ce premier épisode constitue un vent de fraîcheur dans le registre de l’aventure en mettant en place une recette qui fonctionne grâce au talent de ses artisans, de Steven Spielberg à George Lucas en passant par John Williams ou encore Harrison Ford, les étoiles étaient alignées pour accoucher d’un divertissement novateur pour son époque. Le succès sera au rendez-vous, il n’est donc pas étonnant qu’ils remettront le couvert 3 ans plus tard avec une suite nommée Le Temple Maudit.