Avec cet étonnant "Aventuriers de l'Arche Perdue", Spielberg met dans le mille (tant commercialement qu'artistiquement) et ressuscite littéralement le film d'aventure, genre populaire s'il en est, tout en retrouvant l'ambition des grands westerns de l'âge d'or : les critiques ont souvent noté que l'apparition initiale de Harrison Ford, remarquablement filmée, a la dimension mythique de celle de John Wayne dans "Stagecoach". Mais bien sûr, Spielberg restant Spielberg, "les Aventuriers de l'Arche Perdue" est avant tout une tentative délibérée de retrouver les sensations qu'un enfant pouvait éprouver en découvrant, émerveillé, le Cinéma (qui pour Spielberg, constitue un point d'ancrage à l'enfant que nous étions) : anticipation, peur, tristesse, excitation, tout est là, jamais avili par des mécanismes manipulateurs, mais au contraire sublimé par la foi enfantine du réalisateur. [Critique écrite en 1981]
PS : 25 ans après, "les Aventuriers de l'Arche Perdue" a vieilli, a perdu une grande partie de son impact originel, et a rejoint la cohorte de films pop-corn que son succès planétaire a engendré. La brillante introduction, qui pourrait tenir lieu de résumé parfait des trois films, tient encore son rôle de "montagnes russes" cinématographiques, en réussissant à créer de toutes pièces un vrai personnage. On est aujourd'hui frappé par les excès de violence et la multiplication des scènes horrifiques, qui détournent étrangement le projet "innocent" de Lucas et Spielberg, et introduisent une perversité aussi passionnante qu'incongrue. La suite de la carrière de Spielberg confirmera d'ailleurs cette tendance du plus idéaliste des cinéastes à se complaire dans des visions cauchemardesques, comme si son obsession pour le Mal absolu (le nazisme, l'Holocauste) ne pouvait que se traduire par des outrances infantiles de série Z. C'est l'une des pistes les plus stimulantes offertes par "Indiana Jones". [Critique écrite en 2006]