Les méchants convertis en vedettes de films d'animation, cela fait belle lurette que c'est rentré dans les moeurs : il n'y a qu'à voir, chez Illumination, la saga des Moi, Moche et Méchant, tandis que du côté de DreamWorks, cela fait plus de vingt ans que cela dure, via la franchise Shrek, ou encore l'injustement boudé Megamind.
Tout cela pour dire que Les Bad Guys, ça passerait presque pour du réchauffé, alors même qu'il s'agit d'un nouvel univers porté à l'écran pour le studio à la lune.
D'autant plus que c'est bourré de références cinéma et culturelles, allant de Reservoir Dogs à Pulp Fiction, et allant même faire du gringue aux gangsters en jogging chers à Guy Ritchie, ou encore aux films de braquage dans la mouvance des Ocean's de Steven Soderbergh.
Même Disney sera convoqué à l'occasion, puisque la thématique des apparences trompeuses, de la perception des prédateurs face à ceux qu'ils terrorisent, cela sent l'influence de Zootopie, tout comme le recyclage de certains noeuds narratifs.
De quoi en refroidir pas mal à priori, au vu de l'hybridation melting pot un poil opportuniste d'une telle accumulation de parentés, de références, de ressemblances.
Sauf qu'entre braquage malin et poursuites échevelée, action débridée et décontraction faussement nonchalante, Les Bad Guys séduit tant le jeune public que les parents venus l'accompagner en salle : régal pour les yeux et bons sentiments pour les uns, références à foison et poilade pour les autres. La formule est désormais connue, mais conserve une efficacité à toute épreuve.
C'est que Les Bad Guys jouit d'une énergie débordante à l'écran, ainsi que d'une sympathie immédiate : parce que c'est plein de peps, nerveux et bien balancé. Parce que cette escouade de super prédateurs, elle est des plus attachantes et plutôt fun. Car on sourit, beaucoup, on rit, aussi, et on se laisse emporter par le bagout à la cool d'une oeuvre qui ne manque jamais d'éclat et d'esbroufe.
D'autant plus que l'aspect graphique n'est pas en reste : si, à première vue, l'ensemble apparaît d'une certaine simplicité un peu étonnante aujourd'hui, à mieux y regarder le mariage entre la 3D des personnages et la 2D de certains décors ou effets créent une identité visuelle enchanteresse, baignée de couleurs chaudes, que l'abandon de la perfection photoréaliste ne vient jamais handicaper. Cela rappelerait presque, avec la rondeur des traits adoptée, le style des bandes dessinées européennes.
Et même si l'on voit certains retournements de situations venir de loin, tout comme certains ennemis, l'aspect classique de ces Bad Guys n'éclipsera jamais sa beauté atypique, sa générosité dans le spectacle proposé ou encore la complicité qu'il installe constamment avec son public.
Preuve ultime que ces affreux jojos ne le sont pas totalement...
Behind_the_Mask, sale bête.