Amaranthe: Un autre barbu...C'est p't'être un congrès ! Qu'est-ce qui t'arrive ?
Lagneau: Un barbu c'est un barbu, trois barbus c'est des barbouzes.
Le film, contrairement à ce qu'on pourrait croire, n'a pas été pas tourné pendant un congrès de séminaristes, mais probablement pas loin d'une table où se réunissait une bande de copains, qui ne s'imaginaient sûrement pas une seconde que leurs délires plus ou moins arrosés connaîtraient du succès plus d'un demi-siècle plus tard.
Pour consoler Amaranthe, une veuve éplorée, et surtout pour récupérer des brevets d'armes secrètes , une communauté d'espions prêts à s’entre-tuer s'est rassemblée chez son ex-époux, un marchand d'armes fort regretté. Du moins important au plus important on trouve ainsi: le « bon Docteur » Müller, un allemand rigoureux (Charles Millot) ; Boris Vassilieff ; dit « Trinitrotoluène » un agent russe expansif (Francis Blanche) ; un Américain lourdaud et plein aux as (Jess Hahn) ; Eusebio Cafarelli, dit « Le Chanoine » un « curé » suisse faux cul (Bernard Blier) ; et Francis Lagneau dit « Petit Marquis », dit « Chérubin », dit « Talon rouge », dit « Falbala », dit « Belles Manières » , dit « Requiem », dit « Bazooka », dit « La Praline », dit « Belle Châtaigne », un Français glouton et séducteur (Lino Ventura). A ces gentlemen s'ajoutent une flopée d'agents chinois qui se ressemblent par l'apparence et par leur caractère fourbe et cruel. On se doute que Georges Lautner n'a pas porté un regard réaliste à ses personnages et à leur caractère. Il s'est contenté de lâcher la bride à ses acteurs pour qu'ils en fassent un maximum dans le seul but de se marrer et de faire marrer leurs camarades.
Le moment le plus émouvant n'est cependant pas dû à un de ces numéros d'acteurs. Il s'agit du panoramique qui part du visage d'Amaranthe (Mireille Darc) pour s'attarder sur ses voiles noirs de deuils et la montrer en tenue légère et transparente.
Pour le reste du film c'est sans surprises des explosions, des coups fourrés, de la baston digne de combats de catch, une chasse d'eau bricolée en machine infernale, un lustre piégé et d'autres chausse-trappes ingénieux. L'intrigue n'est donc pas une suite des Tontons flingueurs mais c'est surtout un prétexte pour placer les dialogues de Michel Audiard, des dialogues marqués au sceau du bon sens.
qui revendiquent la retraite à 60 ans:
- Dans deux ans... Au revoir m'sieurs dames... j'serai à l'échelon sept, les mômes sont élevés, j'ai ma cabane en Dordogne, la retraite
faut la prendre jeune.
- Faut surtout la prendre vivant. C'est pas dans les moyens de tout le monde.
qui font un éloge de la simplicité :
Excusez-moi, mon colonel, mais, vous savez, une brute, ça rit d'un rien hein, un missile qui passe, un champignon qui monte dans le ciel, le temple d'Angkor qui passe au-dessus de Billancourt... J'me marre de tout, j'ai des goûts simples !
et insistent sur la politesse:
Les agents chinois : (L'un s'adresse à l'autre en chinois - Sous-titrages) Il se croit encore sur la Marne. On va lui montrer le Yang Tsé Kiang à ce gros §/$@ !
Lagneau (avec un bourre-pif) : Et ta sœur, elle habite toujours Pékin?
Les Barbouzes ne vaut pas les Tontons Flingueurs, on préfèrera toujours l'original à la copie, le « combat de catch »final entre Lino Ventura et Jess Hahn est un peu forcé, mais Georges Lautner a le sens du rythme et Michel Audiard est toujours là pour apporter une bonne dose d'humour et de dérision