En fait je crois que je découvre, ou redécouvre un peu Renoir depuis peu.
Pour ce film, au premier abord on pourrait dire qu'il vaut pour quelques belles scènes d'amitié touchante entre Jouvet et Gabin, pour sa description de la misère dans les années 30 et pour un casting assez fou, avec son petit côté Freaks.
Mais Les Bas-Fond a un petit problème. En multipliant les sujets et les noeuds scénaristiques le film a tendance à se perdre. Renoir exerce d'ailleurs à un moment un étrange revirement : Le Baron, pourtant personnage essentiel pendant le premier tiers du film, est réduit à un simple troisième rôle par la suite, et l'histoire d'amitié qui prenait forme avec Pepel laisse place à une histoire d'amour, toute proportion gardée pour l'époque, assez mièvre.
Aussi quelques moments d'errances dans l'asile où on sent que Renoir ne sait plus trop à quoi s'intéresser ni où aller, gâchent un peu le film.
Donc de ce point de vue le film est une petite déception, l'histoire ne rendant pas assez service à la belle petite galerie de personnage.
Ceci dit, malgré tout ça en prenant une seconde pour le replacer dans son temps, j'ai senti que Renoir proposait un cinéma singulier, unique et nouveau. Déjà dans sa veine réaliste et le traitement du propos social. Et ensuite dans sa manière de filmer, la puissance de certains plans, gros plans, dans les quelques longs et magnifiques plans séquences ou des travellings délicats.
Je ne sais pas encore si je commence à voir à quoi ressemblent les films de Renoir mais visiblement il se passe quelque chose de très beau de ce côté là.