La Loi Des Plus Forts Exige Des Plus Faibles

Dans toute l'histoire des traduction à la con on tient ici un cas d'école puisque je ne sais par quel cheminement étrange Massacre At Central High va devenir Les Baskets se Déchaînent pour sa sortie française avec en plus une affiche assez immonde qui suggère que l'on aurait affaire à une comédie estudiantine . C'est toujours un peu mieux qu'en Italie ou le film sortira sous le titre de Sexy Jeans avec des inserts pornographiques rajoutés pour l'occasion. Le film du réalisateur d'origine néerlandaise Rene Daalder est pourtant un mélange assez efficace de thriller, de drame psychologique et de slasher qui n'avait sans doute nul besoin de ces subterfuges commerciaux pour se vendre.


L'histoire est celle de David , un jeune garçon qui rejoint Mark un ancien ami au cœur d'une toute nouvelle université. Il découvre alors que Mark fréquente une bande de jeunes gens qui règnent par la terreur et l'humiliation sur les autres élèves. David décide de prendre le parti des plus faible et d’affronter par répercutions la bande de son ami quitte à se mettre en danger. Un lent crescendo de violence se met en place qui conduira jusqu'à une violente vengeance...


Massacre At Central High n'est pas un très grand film mais dans l'ensemble Rene Daadler, également scénariste, propose un petit film carré et efficace assez lucide et désespéré sur les rapports humains. Le film parle de harcèlement scolaire à une époque ou l'expression n'existait pas encore mais ou les faits étaient déjà largement présents, l'oppression des plus faibles par les plus forts étant aussi vielle que le monde. A travers les différents jeunes qui se retrouvent sous la menace de cette bande de jeunes couillons populaires René Aadler parvient à balayer un assez large spectre de discriminations possibles que ce soit physique (le faible pas trop sportif ou l'handicapé), social (le jeune qui roule dans une bagnole pourri), intellectuel (l'intello bibliothécaire), politique (le jeune un peu rebelle à l'idée de droiture) et sexiste (Les filles traitées comme des morceaux de viandes). Face aux humiliations et brimades , le jeune David (Darrel Maury) va se poser en justicier au grand cœur avant de devenir lui même victime et se muer en froid psychopathe pour assouvir sa vengeance. Car la grande force de Massacre At Central High c'est bien de proposer des enjeux bien plus troubles que des gentils face à des méchants en montrant notamment comment en retrouvant confiance et popularité les victimes d'hier mutent parfois en bourreaux trouvant dans encore plus fragile qu'eux matière à assouvir leur nouveau statut de dominant. Massacre At Central High est donc un film assez sombre sur les rapports de force entre les humains et un regard des plus pessimiste sur l'adolescence, très loin en tout cas de son titre français stupide et de son affiche un peu mensongère. Même le héros du film deviendra un personnage assez trouble et parfois détestable dans sa façon de vouloir éliminer un à un toutes celles et ceux qu'il ne juge plus digne de vivre dans une mécanique aussi radicale que arbitraire.


Si par sa noirceur Massacre At Central High mérite le coup d’œil , le film de Rene Daalder manque assez clairement d'ambition dans sa mise en scène et surtout d'impact à nous faire ressentir toute la violence physique lorsque cette dernière s'exprime à l'écran. On est clairement jamais bousculer par la violence graphique du film et le mystérieux tueur (car oui il y-a un peu de suspens) qui utilise souvent des pièges pour indirectement tuer ses victimes et qui fait parfois verser le film du côté de Bip-Bip et Will Coyote avec des gros rochers et des bâtons de dynamites écrasant des campeuses nues. On notera aussi, même si c'est une volonté du réalisateur et scénariste, une étrange et totale absence d'adultes laissant un sentiment étrange que cette université ne possède aucuns profs, ni personnel encadrant, pas plus que de police ni de parents... Le plus bizarre reste que lorsque le film nous balance la séquence un peu cliché du bal de promo on se retrouve cette fois ci avec plus de vieux qui dansent que d'adolescents et d'adolescentes comme si c'était d'un coup l'amical du troisième âge qui avait débarqué pour squatter le dance floor (??). Même si globalement peu des jeunes acteurs et comédiennes présentes feront des carrière extraordinaire, le film s'appuie tout de même sur un solide casting avec notamment Robert Carradine que l'on reverra plus tard chez John Carpenter, Samuel Fuller, Walter Hill ou Tarantino.


Massacre At Central High n'est assurément pas un très grand film mais il mérite sans aucun doute possible beaucoup mieux que son titre français un peu con et son affiche qui suggère plus une comédie à la American Pie qu'un drame horrifique. Cette petite fable noire sur le pouvoir du plus fort et la violence qu'elle engendre reste une bonne petite série B.

freddyK
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le 21 déc. 2023

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Freddy K

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