Dix ans après la fin de la guerre, trois amis se débattent pour gagner leur vie et s'établir dans une société encore figée par les traditions. Les belles années est l'un des fleurons de la première carrière de Masaki Kobayashi avant de signer les films qui l'imposeront : La condition de l'homme, Hara Kiri et Kwaidan. Le cinquième film du cinéaste s'inscrit dans une veine mélodramatique classique qui doit beaucoup à Kinoshita, qui a formé Kobayashi. C'est une oeuvre romanesque d'une richesse d'écriture extraordinaire et d'une sensibilité vive qui s'intéresse à une génération marquée par la guerre et qui peine à trouver sa place tant du point de vue social que sentimental. Grand pourfendeur des inégalités dans son pays et de certaines coutumes dépassées, comme celles des mariages arrangés, Kobayashi est moins virulent que dans ses films futurs. Il n'en est pas moins admirable par la juxtaposition des intrigues et par son portrait sans fard d'un Tokyo encore traumatisé par la guerre. Précis dans ses détails du quotidien, Les belles années est ample, dense et sereinement lyrique avec des pointes d'humour bienvenues, représentées par les personnages les plus âgés, d'une sagesse et d'une liberté remarquables. Avec son dénouement déchirant, le film se hisse à la hauteur des meilleurs mélodrames de Mikio Naruse. Et ce n'est pas peu dire.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Cinéma japonais des années 50

Créée

le 28 juil. 2017

Critique lue 198 fois

3 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 198 fois

3

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

78 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13