The tempest.

Véritable bête de festival, aussi bien remarqué à Sundance et à Deauville qu'au festival de Cannes où il obtint la Caméra d'or, "Les bêtes du sud sauvage" n'a dieu merci rien du pétard mouillé comme on nous en vend tous les six mois, plus proche du récit à la Mark Twain que du bon gros mélo qui tâche à la "Precious".

Parcours initiatique d'une Huckleberry Finn des temps modernes tout autant que témoignage d'une nature en plein chamboulement, le premier film de Benh Zeitlin est une réussite indéniable et infiniment poétique, apocalypse filmée à hauteur d'enfant traversée de sublimes visions fantasmagoriques dignes d'un Miyazaki.

Loin du simple ersatz malickien que l'on pourrait redouter de prime abord, "Les bêtes du sud sauvage" est au contraire sec et âpre, sans fioritures, mais touche directement au coeur et aux tripes quand il s'attarde sur les relations conflictuelles entre un père mourant et sa fille haute comme trois pommes, petite boule de nerfs magnifiquement campée par la toute jeune Quvenzhané Wallis.

Rythmé par une partition furieusement bluesy, ce premier film témoigne d'une véritable vision chez son auteur, qu'il affinera je l'espère lors d'un éventuel second essai, tout aussi touchant si possible.