Le film de Roger Vadim n'est pas seulement mauvais, il est grotesque. A l'évidence conçu exclusivement pour Brigitte Bardot, que le réalisateur filme en objet sensuel et certainement pas en comédienne, ce drame reflète un cinéma qui pouvait en son temps paraitre moderne par son audace érotique et ses sujets plus ou moins subversifs. Aujourd'hui, on peut en mesurer la fatuité et la futilité car il ne reste plus des films de Vadim que leur maladresse et leur médiocrité technique et artistique.
Il n'y a rien à sauver de ce mélodrame exotique que sont "Les bijoutiers du clair de lune", cette histoire d'amour à laquelle l'écriture et la réalisation de Vadim enlèvent tout crédit et dont l'exploitation commerciale de BB est le seul mobile.
A peine sortie du couvent (quel astucieux contre-emploi pour BB!), la jeune Ursula, pas coincée pour autant, passe son temps à déambuler en petite tenue dans l'hacienda de parents. On la verra -le ridicule à son comble- descendre
dans l'arène toréer une vachette sous les vivas de la foule. Quelques péripéties plus tard, elle s'enfuit avec l'assassin de son oncle.
On reste incrédule devant l'inconsistance des personnages, la grotesque prétention de Vadim à faire des deux fugitifs d'emblématiques amants maudits. Sa mise en scène et sa direction d'acteurs, si simplistes, prêtent à rire et forment des scènes où les intentions dramatiques se réduisent à des poses ou à des formules.
De belles cartes postales de la campagne espagnole, filmée avec ostentation et en cinémascope, illustrent le cinéma de Vadim: tape-à-l'oeil et vide.