Agnès Jaoui occupe la totalité de l'affiche de Les bonnes intentions. Il est évident que les spectateurs se déplaceront pour elle, dans un rôle proche de celui de Place publique, et non pour son réalisateur, Gilles Legrand, pourtant auteur précédemment du joli L'odeur de la mandarine. Ici, le scénario est plutôt plaisant même s'il ne tourne pratiquement qu'autour d'un thème : quand on a trop le goût des autres, ne néglige t-on pas en même temps ceux qui nous sont proches ? Ou encore, la question psychanalytique qui tue : quelle faille personnelle cache ce surinvestissement quasi pathologique ? Dans le cas de l'héroïne du film, la réponse est donnée mais elle n'est franchement pas suffisante. Et elle ne remet finalement rien en question, les comportements n'évoluant pas au fil du film, en dépit de moult péripéties assez amusantes même si parfois trop attendues. La bande d'émigrés cosmopolite autour d'Agnès Jaoui apporte un peu de couleur à ces Bonnes intentions bien que les personnages ne soient guère travaillés en profondeur. Une mention spéciale pour le moniteur d'auto-école, joué par l'excellent Alban Ivanov, qui entraîne avec lui un peu de burlesque dans cette comédie assez sage dans l'ensemble, on pourrait dire gentille tant la satire du monde de l'humanitaire ne porte pas à conséquence. Et la conclusion, plutôt fade, confirme ce manque de prise de risques pour rester dans les clous du politiquement correct.