L'innocence des putains

Je n'aurais jamais cru que Louis de Funès puisse m'émouvoir un jour. Ce film m'a fait à peu près le même effet que 'The Shootist', film dans lequel John Wayne m'arrachait pour la première fois une larme.

Pour en revenir aux bons vivants, il faut faire remarquer que le film jouit d'une technique irréprochable. Nous ne sommes pas dans la comédie franchouillarde au découpage maladroit, non, ici, c'est un film réellement bien foutu. Les plans sont donc pertinents et participent de l'histoire. Les acteurs sont tous à leur aise. Mireille d'Arc est magnifiquement belle. Même la voix off est mémorable grâce à une élocution amusante.

Mais le principal mérite c'est au scénario qu'il faut l'attribuer. L'ingéniosité des auteur est de traiter de la putain au travers de 3 courts métrages. Ces petits films donnaient l'impression d'être des nouvelles un peu tranquilles. Ainsi, pas de grosse histoire, mais plutôt des joutes verbales intéressantes. Peut être un peu long parfois, car malgré la qualité des répliques on sent qu'on tourne en rond et le message est compris depuis longtemps. Ensuite, le film aurait pu facilement tomber dans le misérabilisme vu le sujet, mais les auteurs ont l'intelligence d'esprit de forcer la comédie et raconter au final une belle histoire, un peu naïve et idéalisante peut être, mais tout de même audacieuse. Enfin, c'est justement par les dialogues que les personnages vivent et non plus par la simple interprétation ; pour en revenir à Louis de Funès, s'il est si efficace dans ce film, c'est bien aprce que son jeu excentrique est secondaire par rapport au rire qu'il provoque. Il est même des moments où l'acteur joue dans la retenue. Et puis on sent qu'une vraie direction comme il semble avoir eu ici lui est bien plus bénéfique que lorsqu'il a les pleinpouvoirs sur ses films.

Bref, les bons vivants est une belle fresque sur la putain mais aussi un regard sur la misère du français en cette triste époque. Heureusement le ton reste joyeux, les réalisateurs évitent ainsi de tomber dans le misérabilisme facile. A voir!