Rarement un film d’animation aura à ce point suscité une impression de vide à même de nous raccorder à la conscience du temps qui passe, des secondes qui semblent des minutes, et des minutes des heures. Le titre original, Extinct, cristallise l’essence de cette production lamentable, à savoir l’extinction de toute vie sur un écran de cinéma ou de télévision : les personnages ne paraissent pas bouger pour de vrai, ils s’activent péniblement devant des fonds immuables et unis qui poussent à l’extrême le gamma dans l’espoir d’accoucher d’un quelconque parti pris esthétique – ce qui s’avère illusoire. Le pire étant certainement le rythme, si mal géré qu’il occasionne des blancs et des micro-pauses dans les échanges des personnages ; le comique tombe à plat de façon systématique, tantôt forcé et répété ad nauseam, tantôt désamorcé par le montage. Le récit déclenche pitié et mépris tant il compile des intrigues empruntées à d’autres films sans se soucier de la cohérence interne. Tout cela n’a guère de sens, depuis le voyage spatio-temporel jusqu’à l’incongruité de certaines situations exagérées (l’aspirateur de la vieille bigleuse par exemple).
Voilà une production « bouche-trous » qui tente d’occuper le spectateur entre deux grosses sorties Disney ou DreamWorks, une opération commerciale aux personnages sans épaisseur et à l’imagerie de jeux vidéo bon marché qui n’a aucun scrupule à prendre son consommateur pour un imbécile.