Les bourreaux meurent aussi par batman1985
Lang se base d'une histoire vraie pour réaliser ce film. Librement adapté d'un événement qui s'est déroulé le 27 mai 1942, l'oeuvre ne respecte nullement le déroulement historique qui est le suivant: Heydrich est victime d'un attentat opéré par trois résistants tchèques. Le S.S. allemand n'est pas tué sur le coup mais est gravement blessé. Il décède le 4 juin 1942 d'une septicémie. S'ensuit alors une énorme campagne de répression de la part des Allemands, avec de nombreux massacres de villageois, dont l'un des plus marquants est celui de Lidice, peu de temps après l'attentat.
Lang ne s'intéresse donc qu'aux heures qui suivent l'attaque contre Heydrich. Tout est librement adapté. Nous pouvons également affirmer que l'oeuvre est divisée en deux parties bien distinctes.
La première est une chasse à l'homme particulièrement prenante. L'effervescence gagne Prague. Svoboda est un héros mais les S.S. capturent bon nombre d'habitants. Si aucune information n'est donnée sur l'identité de l'auteur, les Allemands exécuteront tous les jours un certain nombre d'otages. Cette partie s'intéresse également très fort au personnage de Marcia. Tiraillée entre l'envie de revoir son père, de le sauver des griffes nazies, et entre le devoir patriotique, clairement mis en valeur par Lang. Tout est bon pour résister contre l'oppresseur allemand. Au fond, le cinéaste allemand exilé aux USA nous délivre une oeuvre presque propagandiste, évoquant la résistance du peuple contre le nazisme. Il ne faut pas oublier que Lang est fermement opposé au régime d'Hitler.
La seconde partie de l'oeuvre demeure plus une enquête de type policière. A cet effet, l'oeuvre s'intéresse essentiellement à un trio de personnages composés de Marcia, Svoboda et de l'inspecteur allemand Grüber. Au fil des minutes, le suspense devient de plus haletant. Le final est remarquable par son écriture scénaristique, et par le plan qui est conçu par Svoboda. Il faut dire qu'on retrouver au script un certain Bertolt Brecht, lui aussi fermement opposé au régime nazi.
Côté déceptions, il y a peut-être la mise en scène de Lang qui est somme toute fort classique pendant les trois quarts du film. Il nous avait habitué à plus d'audace et de plans incroyables. Bien que la dernière partie possède quelques scènes sublimes. Il y a également quelques longueurs qui m'ont semblé inutiles. Enfin, côté acteurs, il me semble que ce n'est pas forcément ce qu'il y avait de mieux. Peut-être ai-je été trompé par la version française. En effet, le DVD dont je dispose ne possède pas la version originale. Dommage donc.
Avec Les bourreaux meurent aussi, Lang nous sert une oeuvre somme toute plus classique, imparfaite (à resituer toutefois dans le contexte de l'époque) mais qui ne fait nullement tâche dans sa filmographie.