Les Brasiers de la colère par Joro Andrianasolo
J'ai reconnu la voix d'Eddie Vedder dans les musiques, dès le début, ça laissait présager une ambiance mélancolique à la Into The Wild. J'avais vu juste pour la mélancolie, mais incomparable avec celle du film de Sean Penn.
D'abord: ça change un peu de voir Woody Harrelson en grosse brute, j'ai toujours eu, à travers ses rôles, l'image d'un brave gars, parfois un peu concon, mais jamais méchant. Là il vient de tuer tous mes à priori sur les rôles qui "lui conviendraient". Voyons le reste du cast: Casey Affleck en vétéran de guerre accro au jeu et abonné aux emmerdes. J'y crois moyen pour le côté ex-militaire, mais il est plutôt crédible en flambeur qui attire les ennuis comme il respire.
Et enfin Bale, ma motivation numéro 1 pour voir ce film. Encore une fois, sa transformation physique impressionne (rappel, je ne l'ai pas revu depuis The Dark Knight Rises). Je ne vais même pas demander combien de kilos il a perdu pour ce rôle. Bale joue Russel, ouvrier d'une petite ville ayant un job assez ingrat mais qui lui permet de vivre une existence relativement heureuse avec sa copine, et même d'aller payer les dettes de jeu de son petit frère Rodney (Casey Affleck). Et là les emmerdes le contaminent à son tour: après un petit verre de trop, il heurte une voiture sur le chemin du retour vers son domicile. Les passagers sont tués sur le coup, lui survit, et se retrouve donc derrière les barreaux. Sa peine purgée, il retourne à une vie à peu près normale, mais évidemment tout a changé en son absence.
ATTENTION JE SPOILE: Son père, déjà gravement malade avant son incarcération, est décédé pendant son absence. Sa petite amie, l'a quitté pour un flic. Quant au petit frère nid à emmerdes, il remplit son porte monnaie comme il peut, dans des combats clandestins notamment. Malheureusement têtu comme une mule, il refuse de "se coucher" quand on lui ordonne et par conséquent s'enfonce dans les dettes. Résolu à rembourser tout ce qu'il doit, il s'engage dans des combats auprès de personnes peu recommandables (dont fait partie le personnage joué par Woody Harrelson). Et c'est là que les vrais ennuis commencent pour lui et son frangin.
Malheureusement, c'est aussi là que le film commence sérieusement à décliner. Les 3 derniers quart d'heures sont terriblement chiants, bien plus que l'existence morose des personnages coincés dans leur routine. La vengeance et son exécution sont paresseuses, en plus d'être initiée de manière très classique par la seule absence de réaction de la part des keufs. La fin du film est plate, sans aucune saveur.
J'aurais de grosses réserves sur l'écriture des personnages: Rodney verse un peu facilement dans le cliché de l'ancien soldat mobilisé en Iraq, abandonné par son pays après avoir servi et qui s'embourbe dans une spirale infernale d'emmerdes. Même chose pour Russel, je sais Christian Bale capable d'énormément de choses et là on dirait qu'il a été bridé: le voir jouer un bisounours qui ne se fâche jamais et encaisse presque tout pour tout le monde (du moins avant la deuxième heure du film), ça fait tout drôle. Et Harlan, présenté dès le début comme un vilain méchant monsieur très méchant, sans aucun relief, son personnage est totalement vide, en dehors du fait qu'il boit, se drogue et pratique pleins d'activités que la loi punit.
J'ai quand même apprécié quelques passages, comme cette séance de chasse où l'on nous présente un joli parallèle entre Rodney sortant du combat le visage meurtri et le daim qu'on vient de dépecer.
Voilà un exemple de film qui arrive à se montrer touchant et extrêmement chiant en même temps.